Bivouac sur la presqu’île de Crozon

Bivouac sur la presqu’île de Crozon

Randonnée côtière de trois jours, entre terre et mer

Profitant d’aller visiter un ami installé depuis peu dans le Finistère, nous décidons de pousser jusqu’à la fameuse presqu’île adossée à la mer d’Iroise. C’est le début du printemps, la végétation ne fera pas la moue, par contre les risques de pluie sont relativement élevés. Qu’à cela ne tienne! Faisons route pour Saint-Nic, garons la voiture et croisons les doigts! Nos sacs sont un peu lourds, mais le ciel est amène; nulle trace de ce voile de brume maritime dont notre hôte nous confiait, auspicieusement, redouter les augures. Pourvu que ça dure, dis-je en piquant l’asphalte une première fois du bâton, d’un pas décidé. Nous pousserons au moins jusqu’à Camaret-sur-mer au gré du sentier des Douaniers (le GR34)… Comme toujours, pas de carte… Peut-être la flemme de la déplier. On collera le plus possible à la mer, et voilà!

Une petite marche en forêt, la veille du départ

PLage de Saint-Nic

Départ de Saint-Nic – Ou comment trinquer avec un bâton

Les premières plages à marée basse

Ce n’est qu’une métaphore de ce qui nous pousse: La curiosité!

Roches délitées, crustacés au garde-à-vous

L’oeil de Soron

Il paraît que l’homme est le produit d’un monceau d’étoiles mortes. D’étoiles mortes coagulées

Telgruc-Sur-Mer

Plus sérieusement, la marche est lancée. On se paume déjà, chacun essaye sa variante; moi je passe par la plage, Najate par le sentier de ronde. Langues de sable et bancs d’algues affichent leurs mines des meilleurs jours, grâce au soleil pimpant qui donne de l’allant. On s’engueule un peu quand même, par tradition. Les deux voies empruntées convergent et nous allons d’un bon pas enlevé à Telgruc-Sur-mer (du moins si les panneaux disent vrai, ce qu’ils font en général)

La côte ne recèle pas encore de falaises à proprement parler, mais ce genre de débâcles rocheuses nous glisse l’impression de terribles tempêtes, de fléaux capables de défigurer la terre. Pour dire cela façon Peloponèse, Neptune doit pas mal sortir les crocs, et son trident pour causer de tels dommages, vue la tronche toute balafrée de cette crique.

La végétation se fait rare mais tortueuse, la marche est tout sauf ennuyeuse…

Trez Bellec

Plage de Trez Bellec à marée basse

Quelquefois, rarement, nous tournons le dos aux récifs…

Trez Bihan

Et quelques pas plus loin apparaît Trez Bihan

Trez Bihan

Trez Bihan, encore elle

Trez Bihan

Un, dos, Trez Bihan

Anse de Saint-Nicolas

L’anse de St Nicolas rappelle le Golfe du Lion…

Hypnose du bleu turquoise, odeurs du midi…

Trez Bellec Douarnenez

Regard arrière vers Trez Bihan, Trez Bellec, Douarnenez et la pointe du Raz

Sortis de la pinède, d’impressionnantes falaises émergent d’une mer plate. Le ciel se voile. Au second plan, on devine Morgat

La sente reste agréable, le ciel revient au bleu

Toutes ces nuances nous rendent un peu « fleur bleu »

Il ferait presque lourd… Le sac pèse sur nos épaules, mais bon sang de bois, c’est beau!

Maison du bout du monde au style épuré

Que fait tout ce manioc sauvage sur la côte Bretonne?

Plage de l'Aber

L’interminable plage de l’Aber

L’île dans la presqu’ïle

Les kilomètres défilent, Crozon approche. Est-ce qu’on aura le temps de piquer une tête?

Le sentier colle au rivage, la fatigue nous gagne via les bretelles du sac… Manque d’entraînement?

La tentation monte d’enfiler son maillot et de se détendre un peu. Mais bon, le temps de sécher, la salaison… Et ce moment tant redouté de remiser son bardas sur un dos piquant, autant éviter ça. Et nager par les yeux.

Cette nage là ne s’apprend ni dans les livres ni à la piscine

Morgat

Le mouillage de Morgat

Traversée du bois de Kador, entrecoupée de vues sur les récifs.

Bois de Kador

Émouvant calvaire au milieu des bois

Quand les nuages donnent l’impression de chuter…

La nuit tombe, toujours pas de campement… Je pars en reconnaissance. Le sol est tout embroussaillé.

Finalement, après un long affût, on a monté la tente à la frontalen dans la clameur d’un sous-bois. La nuit a été calme. Les cris d’oiseaux se sont apaisés. Au réveil, un ciel laiteux et des myriades de fleurs nous entourent.

Cap de la Chêvre

Nous progressons vers le nord, direction: cap de la chèvre.

L'Île Vierge

L’île Vierge nous réveille en sursaut… Tel un météorite échoué sur l’Iroise.

Mer d'Iroise

Dans le secteur, la côte est très sauvage. Protégée par l’armée à ce que nous apprennent les panneaux

L'île Vierge

Coup d’œil arrière sur l’île vierge, on aimerait bien voir ça par bateau

L'ïle Vierge

Prise de vue élargie sur l’anse de l’île vierge…

Nous croisons un bataillon de coureurs aux dossards multicolores, le souffle court, le pas lourd, l’œil vide et la mâchoire verrouillée; pour ne pas les gêner, nous faisons un pas de côté et voici qu’un tout petit sentier nous apparaît, comme par magie…

Très vite nous tombons sur une maison abandonnée où la nature reprend ses droits

Cap Méchant

Reprise de la marche vers le cap méchant. C’est l’heure de casser la graine. Ce que fait le paysage (qui se casse et s’égrène).

Plage de la Palue

Belle plage de la Palue. Le sable fin ralentit la progression

Parterre fleuri – plaisir des yeux – île solitaire

Plage de Lost March

Plage de Lost Marc’h

Jolie crique de galets – sable dans nos chaussures – vent qui pique les yeux

Ces rocs ont l’air coincés entre terre et mer, le cul entre deux chaises

Les plages se succèdent sans se ressembler

Le littoral escarpé dans les chuintements rauques du vent d’ouest

Et déjà, l’après-midi tire à sa fin

Étirements ou hésitations?

La mousse et les broussailles recouvrent tout. Bientôt ce sera la nuit…

Dernière boite de sardines – Ardeur des ondines – Beauté sans but ni fin

Dernier regard à l’ouest

Réveil de bonne humeur. Une heure à peine nous sépare de Camaret-Sur-mer.

Superbe crique, mais l’air étant frisquet, le maillot reste au fond du sac

Beau dégradé de bleu, ondoiement léger

Camaret-Sur-Mer

Camaret-Sur-Mer, à marée basse

Pointe de Pen-Hir

Brève incursion sur la pointe de Pen Hir, en direction du fort des Capucins.

Pointe de Pen-Hir
Camaret-Sur-Mer

Retour à Camaret

Camaret-Sur-Mer

 

En définitive, cette itinérance n’aura pas duré trois jours, mais deux. La mâtinée suivante nous aura permis de rallier Camaret-sur-mer et d’arpenter la presqu’île de Roscanvel- à la recherche de la chambre verte- jusqu’à la pointe des Espagnols. De bout en bout, une superbe ballade! Dans des conditions clémentes, il faut le préciser, la marche se déroula sans accroc, le sentier est roulant et bien entretenu. Il n’y a pas particulièrement de difficultés d’orientation (à voir par temps de brume) et le dénivelé n’étant pas très conséquent, on peut sans trop forcer s’avaler 25 à 30km par jour. A ce rythme-là, un week-end peut suffire pour arpenter le littoral de Crozon. Sauf bien-sûr si vous souhaitez partir de Douarnenez, et entreprendre le tour complet jusqu’à Landévennec, en ajoutant la presqu’île de Roscanvel. En ce cas, il vous en coûtera bien deux jours de plus… Quant aux conditions de bivouac, elles ne sont pas toujours évidentes, d’autant que passer la nuit dehors est officiellement interdit… Il s’agit le plus souvent de se nicher dans l’un des rares bosquets en bordure du chemin, afin de s’abriter du vent et, par la même occasion, des regards indiscrets. Les sols sont peu propices au campement, très embroussaillés et tout départ de feu devra être proscrit… Hélas pour nous, dans la précipitation, nous sommes passés à côté de vraies curiosités géologiques, telles que la chambre verte et de la pointe de Dinan. Une autre fois!

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