Haute-Itinérance entre Trentin et Sud-Tyrol
Les cimes nous apparaissent dans la lumière du matin. Cette première étape de la Classica, nous emmenant dans la province de Bolzano, débute au lac de Braie, à 1496m d’altitude. On aurait fait tout ce chemin pour admirer ce lac somptueux qu’il nous faut d’ores et déjà laisser derrière nous. Plusieurs dialectes se font entendre: De l’allemand, du ladin et de l’italien! Nous sommes à équidistance entre Insbruck et Vérone, à l’extrême nord de la Vénitie, limitrophe avec l’Autriche. Une région où les cultures se sont brassées dans la douleur, au gré des guerres et des empires. Tôt ce matin, nous étions à Dobbiaco: De jolies rues pavées, une église baroque, San Giovanni Battista, mais nous glissons déjà au pied d’une barre rocheuse qu’il va falloir franchir ainsi que de nombreux cols. Partant de la vallée germanophone de Val Pusteria, nous traversons le Fanesgebiet, vallée ladine (affublée d’un nom allemand) et de nombreux environnements alpins. Il va s’en passer des choses cette semaine, me dis-je.
Un périple de cent-vingt kilomètres nous attend et nous nous sentons prêts. Le temps est clément. Il fait dix-huit degré, une légère bise souffle sur le lac, en ridant la surface. Je n’ai aucune inquiétude en tête, mais le torrent de l’excitation ne faiblit pas. Forcément, on ne va pas se raconter d’histoire: Ce massif nous fait rêver depuis si longtemps. Le mythe des Dolomites, dont le nom même impose une minéralité hors du commun, une sorte d’aura légendaire. Pour Reinhold Messner, chaque montagne de la région est une œuvre d’art. Serait-il réaliste de croire qu’une telle affirmation puisse se vérifier? Ai-je même déjà vu une montagne comme une œuvre d’art? Marcher dans les Dolomites, que précède cette réputation surnaturelle, relève du pur phantasme pour un marcheur entraîné. Ne serait-ce pas même un peu exagéré? Pire, la réalité va-t-elle nous décevoir? Nous verrons bien. On part dans les Alpes, certes, donc en terrain connu, mais, sans oser se l’avouer, on en attend quelque chose de plus. Une petite touche baroque, un supplément d’âme. L’excitation culmine le long de la montée au-dessus du lac, mais je me sens détendu. Nous avons eu un bonne nuit. Une vague solennité persiste, tout de même, comme si je m’apprêtais à lire le dernier tome d’une saga très chère à mes yeux. Mettre la barre haut à ce point ne nous empêchera pas de garder les yeux ouverts sur le parcours. J’ai laissé Najate gérer la longueur des étapes: Il y’en aura sept jusqu’à la Stanga.
Au commencement, une chapelle. Un vœu. Une prière. Est-ce que la notre sera entendue?
L’immense barre rocheuse dominant le lac de Braies fait monter la température
Je repense au campanile de Dobbiaco, dans la province de Bolzano, d’où nous sommes partis
A présent, nous admirons le lac, dont nous bordons nos premières foulées, direction le nord
Selon d’où on la regarde, l’eau change de couleur.
La montée commence, le chemin s’élève doucement et s’étrécit… Le paysage s’élargit.
Une belle souche d’arbre au bord du chemin nous adresse un salut fraternel: Hug
Vers le refuge Biella… On sent le col nous appeler, nous susurrer son petit air frais.
Entrée dans le Val Pusteria
Une sorte d’arc-en-ciel s’accroche aux crêtes (on y serait bien allé voir, mais gardons du jus pour la suite)
Halte au refuge Biella: Une bière, un café?
Dans ce nouvel espace, les arbres ont pris la fuite…
Vers l’est…Anguleuses cimes de Croda del Becco culminant à 2800m
Après le déjeuner, le chemin se déroule agréablement dans un alpage semé de pierres.
Les reliefs s’accusent, leurs contrastes commencent à nous fasciner…
Tel un trône de fer, cette immense roche donne le frisson
La vallée s’encaisse, les variations du paysage nous charment
Descente très minérale vers le refuge Pederu, nous laissant admirer ses remparts balafrés
La piste semble s’élever; heureux d’avoir repris des forces au refuge.
Impressionnant éboulis: On ne passera pas par là!
Cascade en zone boisée
Les cimes pâles et escarpées nous surplombent
La soirée n’est pas loin. Nous touchons au but. Les pierriers ont une étrange couleur d’argile.
Dernière vallée à traverser avant de planter la tente: Le dîner sera frugal.
Premier jour sensationnel! Longue marche dans des vallées de plus en plus sauvages et engorgées, sur de très bons sentiers, lisibles et roulants.
Réveil dans la nature.
Un vrai bonheur de cheminer dans la fraîcheur du matin; les dernières rosées s’accrochent aux pâturages.
Here comes the sun: remercions notre étoile. Pour l’instant, les conditions sont idéales…
L’âne ne semble même pas remarquer notre présence
Lago di Limo: Encore trop tôt pour les scintillements
Une vallée attrayante que nous laisserons sur notre gauche
Magnifique relief dont seul l’œil expert saura lire les strates géologiques.
Une nappe de brume s’élève, on se demande bien d’où
Elle semble monter tout droit du sol
Puis s’étirer, ramper à nos pieds
La chaleur monte aussi… Ceci explique cela
La brume forme une banderole très gaie, qui nous encourage…
Arrivée au col Forcella di Lago; il va falloir redescendre à pic. Une combinaison de Wingsuit pourrait aider…
Approchant pas à pas du lac Lagazuoi, la pente se fait moins forte, le panorama s’élargit.
On voit bien le sentier qui va suivre…
Vue sur les « galvanismes de pierre ». Au fond, blottie contre un nuage, une petite pierre menace de chuter de ce chaos organisé
Ça en devient ébouriffant. Ces montagnes aux teintes de marbre portent le nom de montagnes par pure convention, car, honnêtement, on ne sait pas ce qu’on regarde. Jamais rien vu de tel: Au delà de toute catégorie du beau et du laid, du sacré et du profane, du normal et du morbide. Une formule me revient: « Enfin, la folie devient intéressante. »
D’un peu plus près, un certain ordre se dégage des crêtes. La blancheur légèrement rosée des pierres en accentuant l’élégance
Nous nous élevons, un pas après l’autre, dans un milieu aride où une tourbière s’accroche courageusement
Plutôt qu’un paysage de montagne alpine, on se sentirait presque en Arizona.
On approche du col Falzarego
Le tableau est saisissant: La rude montée finale en valait la peine. Quant au refuge? Pas si sûr.
… Allure de citadelles médiévales
Des têtes, des nez, des becs, comme on voudra. On croise pas mal de monde dans la zone. Partout, on peut voir des ouvertures; ces pitons sont de véritables gruyères, creusés pendant la seconde guerre mondiale. Dans un paysage comme celui-ci, les batailles ont du être épiques! J’imagine les visions incroyables qu’on du avoir les soldats, entre deux assauts. Les tunnels se visitent, mais nos sacs sont trop volumineux, et le temps manque.
Partout, on devine des accès, des bouches d’ombre. Cela rajoute à l’atmosphère « habitée » des lieux
La nuit va tomber: Nous savons déjà où nous allons dormir.
Malgré la relative brièveté de l’étape, nous nous sentons épuisés. Peut-être est-ce lié à la physionomie du sentier, moins roulant que la veille? Ou l’effet écrasant de ce paysage? Toujours est-il qu’une bonne nuit de sommeil nous fera du bien. Des cervidés rôdent autour de nous; on distingue de petites tâches sombres parmi les pierres, mouvantes et farouches. Dommage de n’avoir pas pris de jumelles. Nos yeux se ferment tout doucement
Dans mon rêve, Najate m’attend dans un tunnel.
Au réveil, je me sens le plus heureux des hommes. Najate aussi a dormi du sommeil du juste. Je pense vraiment qu’on a déniché l’un des plus beaux lieux de bivouac de notre vie: Nous qui nous étions juré d’être un peu plus discret… Mais bon, on ne pouvait pas dire non à cet enchantement
Roches debout, terres rouges: Tout semble le résultat d’une guerre; dépouillé, à nu…
Fond de vallée (et divin prélude à notre égarement), on en prend plein les mirettes
Une fois n’est pas coutume, nous ralentissons le rythme pour admirer le paysage
Puis nous nous trompons de chemin; A force de débusquer partout des éclats d’obus, des barbelés, de ne plus suivre les panneaux, c’est ce qui arrive. 300m descendu (en dénivelé) autant à remonter. A moins, on a pu se débarbouiller.
C’est chaque jour plus grand, plus splendide, plus stupéfiant!
Ce serait une longue histoire, mais on s’est encore gouré dans l’itinéraire. Du coup, on a rattrapé notre erreur en prenant un télésiège, qui nous a reposé un quart d’heure. Après le déjeuner, c’était sympa.
Nous voilà à flanc des Cinque Torri. En dépit de la grisaille, quel spectacle!
Les cinq tours, peuplées par la caste des alpinistes
Pas mal de grimpeurs se font les dents sur ces gratte-ciels
Dont celui-ci, que j’ai d’abord cru alangui (en effet, il ne bougeait plus).
Cascade fluette
Une autre sur la partie finale juste avant le lac de Federa
Premier coup d’œil sur le lac
Puis le lendemain matin, après un agréable dîner au refuge Croda di Lago. Le lac est méconnaissable.
D’une beauté féérique. On respire un air pur avant de repartir…
Par delà sa quiétude, ce tableau me rappelle l’ouverture de Shinning
Une limpidité presque boréale qui déverse quelque chose dans l’esprit, un souffle frais
Avanti! On se remet en piste, d’humeur volubile
La vallée de Cortina D’Ampezzo
Les paysages s’adoucissent, ces alpages verdoyants transpirent même un petit air de Savoie
Le Monte Pelmo que nous sommes censés enjamber dans l’après-midi.
Le temps a tourné: Nous voilà dans la montée de Palafavera au Lago Coldai
Avec un peu de patience, nous en verrons les eaux épurées…
Nous passons un long moment à admirer le dévoilement céleste: L’apparition du roi
Puis nous passons des cols, c’est notre passe-temps…
Sous le sceptre du sol invictus
Et sous la bénédiction des Saints
Une ultime montée nous met en appétit.
Figure archaïque souhaitant la bienvenue au refuge Adolfo Sonino: Peace love and Polenta
Après la dite Polenta, la marche reprend: Une assez longue descente vers la tour Trieste
Belle écharpe nuageuse: Changement de temps et d’environnement.
Entrée dans une combe presque un peu lugubre
Puis arrivée au refuge Mario Vazzoler, un endroit chaleureux, pittoresque et charmant, juste sous la Civetta
Contournement du mur de montagnes de Moiazza: Une grosse fin d’étape nous attend
Ces éperons sont aussi magnifiques qu’effrayants
La Catedrale domine toute la vallée de Corpassa
Les montagnes sont ici des édifices merveilleux et extatiques. Notre exaltation va crescendo. Après l’incroyable chaos rocheux de Lagazuoi, cette traversée à flanc de falaise nous laisse une impression impérissable et majestueuse
L’obscurité point: On accélère un peu le pas pour ne pas avoir à sortir les frontales!
De l’or reluit aux cimes, la beauté donne des ailes quand le moteur commence à toussoter
Après 29km, 1650m de D+ et 1430 de D- fourbus, nous installons notre tente au bord du chemin, bien après le refuge Bruto Carestiato (autrement dit, le refuge de l’immonde pénurie)
Le lendemain, surprise! Il fait encore beau. Arrive un moment où on en doute même plus.
Le sentier monte doucement, l’étape promet d’être moins engagée…
Une autochtone que nous ne troublerons pas
Ni celle-ci non plus…
Il y a tout de même la cime du Zeta à franchir.
Les vues s’amplifient, nos vivres tirent à perte. C’est déjà l’avant-dernier jour.
Les cimes semblent à portée de main
Nous y voilà… Vues d’ici, les montagnes font moins blanches
Le paysage en a encore sous le coude: Un sentiment de nostalgie sourde nous étreint. Peut-être prématuré, mais nous ne ferons plus que descendre à présent.
Jusqu’à notre dernier bivouac… L’un des plus immersifs, au bord d’un torrent. Dont le bruit n’aura pas suffit à couvrir les grognements d’un visiteur nocturne. A priori, un ours! Enfin, je n’ai pas osé ouvrir pour vérifier…
Le lendemain, au petit matin, nous levons le camp. Profitons de chaque instant.
Traversée d’un sous-bois comme il y en aura peu eu
La dernière vallée
Une boule de Noël égarée là sans raison (?)
Nature bucolique: Altitude 1700m
Les derniers mètres nous séparant du point final
Une petite gorge le long de la route, juste avant de prendre le bus. On ne veut pas que ça s’arrête (snurf).
Récapitulons: Pour notre première approche du massif des Dolomites, l’Alta Via nous a paru impeccable. Très franchement, l’intérêt n’a pas faibli durant six jours et demi. La réputation du massif n’est pas usurpée. Il faut bien-sûr être en forme, surtout pour doubler les étapes comme nous l’avons fait (cet itinéraire existe sur 11 jours) mais, objectivement, rien d’insurmontable. Les sentiers sont de bonne facture, toujours praticables, la présence de refuges ponctuant très fréquemment les étapes rendent celles-ci abordables. Un grand merci aux gardiens de refuge pour leurs gentillesse et leurs précieux conseils.
Petits bonus en images:
Vue du train nous menant à Venise
Des chaînes déchaînées, pareilles à nulle autre
Recherche d’itinéraire
Plateau d’altitude dans le Val Pusteria
Les montagnes des Dolomites ressemblent à d’étranges temples khmers en cannelle
D’autres fois, on pense plus à d’immenses paquebots rouillés
D’autres fois encore, on plante juste sa tente…
J’aime toujours prendre des photos au ras du sol: Regarder un centimètre au dessus du sol, telle est la poésie.
Descente vers le lago Lagazuoi
Nappe de brume
Une pince de crabe s’en prend à un nuage d’or
L’aménagement des cinq tours force le respect. Il s’agit d’un musée dédié à l’histoire militaire, émouvant et très instructif. Sa visite complète mérite bien une heure de temps.
Sûrement le chemin le plus engagé du parcours. Ce quatrième jour aura été pour nous la plus belle et la plus sauvage qui nous restera à jamais en mémoire
Plus bas, dans la vallée, on devine Cortino d’Ampezza
Panorama abrupt vu des Cinq Tours
Un western de ma jeunesse me revient en tête: Il y’avait Steve Mc Queen au casting, mais j’ai oublié le titre.
Vaches du Pelmo
Nos photos font rarement justice à l’immensité des choses vues (et vécues)…
Cheminées de fée ou cheminée du diable?
Crête de la Cima de Zita, passage un peu aérien
Symétries imparfaites
Les rivières ne sont pas légions sur le parcours, aussi y avons-nous fait halte
Le soleil pousse les ombres, les ombres poussent les corps
Le grand canyon Italien, théâtre de terribles batailles
« Le désert croît » Friedrich Nietzsche
Empreinte sans équivoque: Le Canus Lupus rôde
Viens donc te baigner dans un coin du ciel
Braies: La Mecque du canotage
Ciel strié d’élégants stratus
« Tu es sûr que ça passe? » « Oui oui, je crois. »
Vue du Refuge Lagazoi – auberge d’altitude surpeuplée (l’un de nos rares moments désagréables)
Le sentier frôle littéralement les falaises, d’où on entend des chutes de pierres
Le permafrost ne parvient plus à faire patienter les montagnes, lesquelles deviennent folles. Les pierres dansent avec la gravité
Les nuages dansent avec les pierres
La nuit dernière, j’ai rêvé de notre auberge à Dobiacco
Cette haute route des Dolomites, l’Alta Via 1, nous a laissé une impression de quasi perfection esthétique. Mieux encore, ce massif constitue pour nous l’expression ultime de la beauté dans la fragilité. On en reste baba tout du long. Pour vous représenter cela, imaginez-vous flâner dans une vaste galerie bordée de statues éphémères, sculptées dans un argile rare et dans un marbre d’une exquise finesse, pour vous apercevoir que toute cette grâce, cet équilibre délicat marqué par l’alternance de falaises calcaires et d’alpages soyeux, est en train de fondre sous vos yeux, de disparaître purement et simplement, juste à cause d’une averse. Et tout en sentant la colère monter, vous vous sentez chanceux d’être là, d’être l’un de ceux qui auront pu voir cela, qui pourront en témoigner à la postérité, et ce vaste et planant sentiment de l’inexorable s’empare de vous. A la fois ébloui et intimidé par ces incroyables murailles de montagnes, vous progressez alors à l’intérieur de vous autant que dans l’atmosphère terrestre… Comme je le dis souvent, faire l’expérience de la nature constitue une lente descente en soi, une introspection par delà les méandres de la solitude: Ici, les paysages ont ceci de bouleversants qu’ils vous renvoient à votre propre caducité. Comme la traversée d’un château de cartes, l’apprentissage d’une leçon de Ténèbres: Car tout cela est condamné! Ce livre ouvert sur la Création du monde s’apparente ainsi à l’Apocalypse de Jean, à un effleurement de ce qui sera pour nous la fin d’un monde connu.
Revenons-en toutefois à des considérations pratiques: Outre la splendeur et l’immensité des paysages rencontrés, l’intérêt de cet itinéraire réside dans sa commodité, grâce à la présence d’agréables ponctuations: On peut facilement s’économiser trois kilos de nourriture grâce aux très nombreux refuges jalonnant le parcours. Il y en a littéralement toutes les trois heures! Et, franchement, même si on avancera souvent l’importance primordiale de savoir sortir de sa zone de confort, il n’est pas superflu non plus de savoir y rentrer. En l’occurrence, quelle joie de siroter un spritz, une tisane ou un café entre deux cols de haute montagne, sans parler d’un plat de spaghettis ou de polenta, à l’abri d’un soleil cuisant, et en compagnie d’une pimpante marmaille Tyrolienne… Ces temps calmes nous ont fait un bien fou; j’y ai même pris un goût immodéré, au point de m’enivrer parfois légèrement, ce qui est rare chez moi dans ce contexte- l’ivresse des sommets suffisant amplement. Ces gîtes, le fait de les savoir présents et de s’y sentir si bien accueillis nous a rendu plus légers au fil des jours, en sorte que la fatigue a quasiment disparue. Il est d’ailleurs possible de recharger ses batteries de téléphone, voire de prendre une douche moyennant un Euro (dans certains gîtes seulement).
S’agit-il vraiment d’un défi sportif? En un sens oui. D’abord parce que les nuits en tente peuvent être mauvaises. La première nuit, je n’ai quasiment pas fermé l’œil. J’entendais des bruits inquiétants. Sans doute des sangliers. Enfin, le lendemain, j’étais l’ombre de moi-même; totalement vanné. Parce qu’en dépit de l’expérience, on dort souvent mal en altitude, et à plus forte raison, les premières nuits. Tous les sens sont en éveil, l’excitation le dispute à l’anxiété. En conséquence, n’hésitez pas à alléger les étapes du début. Par ailleurs, le facteur principal quand on parle d’endurance, reste la gestion du sac. On parle quand même d’une quinzaine de kilos, à se trimbaler sans défaillir sur des terrains escarpés, le temps qu’il a fallu au Bon Dieu pour créer le monde. Ce n’est pas rien quand même! Dans d’excellentes conditions estivales (nous sommes partis début septembre), sur un terrain peu technique, le risque de chute s’est avéré plutôt infime. Disons seulement que la fatigue engendrée par le portage peut augmenter la probabilité d’un faux pas. Aussi, ne pas se surestimer! On peut être un très bon marcheur sans lourde charge et un marcheur plutôt moyen avec. Tout est relatif, n’est-ce pas?
Après, dans l’absolu, on retiendra de ce trek son équilibre parfait, l’absence presque totale de défauts d’orientation (fidèles à notre habitude, nous n’avions pas pris de carte, mais là c’était très con), la qualité des chemins (à l’exception d’un tronçon effondré), l’extrême gentillesse des gardiens de refuge et la qualité de leurs prestations; nous retiendrons la dernière nuit lors de laquelle un ours est venu fureter autour de ce campement de fortune que nous avions choisi au bord d’un torrent; les grognements sourds et le poids du plantigrade (brrr), nous retiendrons aussi cette escalade impromptue, aux fins d’aller récupérer mon gros sac qui venait de chuter lourdement sur trente mètres, manquant de nous emporter dans sa dégringolade, puis l’aventure qui s’en est suivi. Bref, ça a été une semaine intense, trépidante et d’une folle beauté.
Bonjour à vous deux,
D’abord je tiens à vous remercier pour votre retour d’expérience complet. Les pages Fb dédiées aux Dolomites mettent en avant l’interdiction de bivouaquer! Vous me permettez d’envisager mon mini trek dans les Dolomites en bivouac pour juillet 2025 et cela me rend enthousiaste!
– Pouvez-vous me dire si l’on peut manger dans les refuges comme vous, sans avoir fait de réservation?
– Avez-vous eu des retours ou mises en garde de la présence d’ours par les gardiens des refuges? Aviez-vous suspecter la présence d’ours sur le parcours nord de l’Alta Via 1? ( j’imagine avant d’avoir la vue sur Cortina d’Ampezzo?)
– Savez-vous où je peux trouver les horaires de la navette prise pour aller à la gare de Belluno?
Je voudrais anticiper mes réservations pour Venise, car l’idée est de faire ensuite un tour en Croatie avec Flexibus. Au départ, je souhaitais faire la moitié de l’Alta Via 1 pour redescendre à Cortina d’Amoezzi, mais en poursuivant comme vous je pourrais continuer de m’émerveiller et achever cette Alta via 1.
– Qu’avez-vous pensé de la partie Sud? Avez-vous rencontré des difficultés techniques en dehors de la chute de 30m du sac de Rando ?
Merci à vous.
Gwenaëlle
Bonjour Gwenaëlle,
Nous sommes partis début septembre 2023, et nous n’avons eu aucun soucis à déjeuner/gouter en refuges sans réservation. Pour le repas du soir, nous récupérions des sandwichs dans les refuges du midi, et nous avions dîné 2 soirs sans résa. Nous vous recommandons évidemment d’avoir toujours des réserves avec vous, du pain et quelques conserves au cas où.
Concernant l’interdiction du bivouac, lorsque nous avions organisé notre périple, nous avions trouvé des informations contradictoires. Notre interprétation fut la suivante : camping interdit, mais bivouac d’une nuit autorisé à condition d’être en mode ULTRA discret, c’est-à-dire pas de réchauds, pas de feu etc, on plante juste la tente le soir et on la retire dès l’aube. ZERO DECHETS.
L’ours est présent dans ce massif et on pense l’avoir entendu une nuit. De nombreux témoignages attestent de son activité sur la zone. Chacun doit donc assumer son choix de bivouac en connaissance de cause.
Nous n’avions pas les horaires de la navette, mais elle avait l’air de passer assez régulièrement.
Nous avons trouvé la partie sud un peu plus verdoyante et moins fréquentée. Pour des personnes habituées à randonner en montagne, il n’y a pas de difficultés techniques.
En vous souhaitant un bon périple !
Bonjour,
Quel beau partage d’expérience , nous hésitions entre le TMB ou la Alta Via 1 . Après vous avoir lu il n’y a plus d’hésitation ça va être les Dolomite !!
On prévoit le faire en bivouac , je vois que le tous est toléré quand on y est furtif !
Ma préoccupation est l’approvisionnement en ration durant les 120 km ! Comment vous y êtes arrivé?
Merci de nous guidé!
Bonjour Nicolas,
Merci pour votre retour.
Au niveau de l’approvisionnement, nous avons randonné avec trois fois rien; tous les jours nous avons pu prendre au moins un repas chaud et remplir nos bouteilles car les refuges sont nombreux sur cet itinéraire. Par contre, vérifiez bien la période d’ouverture des refuges.
En vous souhaitant un très bon périple !
Bonjour,
Merci pour cet article magnifique !
Y êtes vous allé en véhicule ? Si oui, où l’avez-vous laissé tout ce temps ? Quel a été votre découpage jour par jour svp ?
Merci d’avance pour ces informations !
François
Bonjour François, contents que notre article vous ai plu.
Pour vous répondre, nous nous sommes rendus en Italie en avion, plus exactement à Venise (le train de nuit Paris-Venise n’étant plus en service). Depuis Venise nous avons pris plusieurs trains pour atteindre Dobbiaco le soir, où nous avons passé la nuit. Les correspondances ont été ponctuelles. Nous avons utlisé le site internet trenitalia.
Le lendemain matin, nous avons rejoint le lago di braies grâce à une navette, que nous avions réservée à l’avance. Il y avait du monde.
Voici notre découpage jour par jour :
Jour 1 : Lago di braies-Refuge Fanes
Jour 2: Refuge Fanes-Refuge Lagazuoi
Jour 3 : Refuge Lagazuoi-Refuge croda di lago
Jour 4 : Refuge croda di lago-refuge Palafavera où nous avons passé la nuit
Jour 5: Refuge Palafavera -Refuge Carestiato
Jour 6: Refuge Carestiato-Refuge Pramperet
Jour 7 matin : Refuge Pramperet-Sedico
Nous avons pris la navette qui se trouve à quelques mètres de la fin de la randonnée et qui nous a mené à la gare de Belluno, d’où nous avons pris un train direct pour Venise.
En vous souhaitant un bon séjour dans les Dolomites !
Bonjour,
Merci pour ce bel article qui me confirme que nous faisons le bon choix pour nos aventures de cet été !
Nous allons faire une partie de l’alta via, mais n’ayant pu réserver tous les refuges nous envisageons de bivouaquer. Conseillez vous cette solution? J’ai lu que ce n’était pas très bien vu côté italien.. qu’en est il réellement ? est ce dangereux ?
merci par avance pour votre retour
Bonjour Lou,
Merci pour ce retour sympathique.
A titre personnel nous n’avons eu aucun problème pour bivouaquer. Les emplacements sont nombreux, il faut savoir rester discret. Si vous ne faites pas de feu, et ne laissez aucune trace, personne ne se rendra compte de votre présence. Il en va de même dans certaines zones en France, officiellement les autorités cherchent à interdire le bivouac, mais sur place on s’aperçoit qu’il est toléré à condition d’être furtif (crozon, vanoise).Soyez juste consciente de la présence de l’ours dans ce massif, nous n’avons pas connaissance d’accident concernant des campeurs. Toutefois, certains réflexes à adopter, par exemple éviter de laisser trainer de la nourriture. En vous souhaitant un beau périple dans ce massif magnifique.