La Loire à vélo, de Blois à Amboise

La Loire à vélo, de Blois à Amboise

Traverser la Loire ne signifie pas l’enjamber, ou passer rive gauche, mais en suivre les méandres, à travers jardins et pâturages. Tous les cyclistes en quête de platitude se donnent rendez-vous ici. D’une grande fécondité architecturale et littéraire, ce fleuve inspira tant Balzac qu’Hugo; pléthore de poèmes lui fut consacré. Aujourd’hui, consacrons-lui donc quelques jours avant d’entreprendre un périple plus gratiné (que la montagne ne prenne ombrage de cette brève infidélité en plaine). Au milieu de flâneurs et de sportifs du dimanche, nous visiterons quelques châteaux; cela nous changera des grands espaces Islandais. Cet itinéraire de trois jours met à l’honneur la Renaissance Française et sa puissance créatrice. Autant dire qu’on ne brûle pas nos chambres à air pour des prunes! Un parcours royal pour petites reines!

Soirée à Blois

Le château impressionne avec ses faux-airs de forteresse hindoue, type Jaïpur. Un lieu chargé d’histoire (la pépinière des rois), dont nous découvrirons la cour plus tard.

D’abord nous flânons dans les ruelles puis sur les hauteurs de Blois: Des volées d’escaliers nous mènent à la cathédrale restée ouverte tard dans la soirée. Très belle visite, un peu sombre toutefois. A proximité, se trouve le jardin de l’évêché, offrant un large panorama sur la Loire, sous un ciel virant au rose. L’unité architecturale de Blois est assez remarquable.

Le soir tombe, les ruelles s’étrécissent. Nous terminons la soirée avec un spectacle sons et lumières au château. Ces 45 mns nous offrent un court voyage à travers l’histoire, contée par Hossein, Arditi et Luchini. Une façon ludique de se rafraîchir la mémoire ou tout bonnement d’apprendre.

J1-De Blois à Chaumont-sur-Loire en passant par Chambord

Le petit déjeuner pris très tôt nous permet de profiter de la fraicheur matinale. Nous débutons, nous et nos petites reines, en direction de Chambord, tandis que Blois s’éveille doucement. Nous profitons de la quiétude des rues pour apprécier les chatoiements de l’escalier Denis-Papin, spécialement apprêté pour les JO, avant d’enjamber le pont Jacques-Gabriel. L’impétueuse Loire nous apparaît immense…

Blois-Chambord-Blois 38 kms

L’itinéraire cyclable pour le château de Chambord est parfaitement balisé depuis Blois. Peu de dénivelé. On débute la visite à l’ouverture. Il y a encore peu de monde. La circulation fluide à l’intérieur du château nous est précieuse; nous mesurerons plus tard sa rareté.

Vers 10h45, nous reprenons la route pour déjeuner à Blois dans un restaurant chinois joliment nommé « les plumes de pékin ». La cuisine est faite maison, la patronne très sympathique nous fait voyager en Chine à travers ses anecdotes croustillantes.

De Blois à Chaumont-sur-Loire 20 kms

Sous un soleil radieux, nous longeons la Loire pendant 5 kms, puis le chemin s’enfonce à travers champs pendant une dizaine de kms. L’itinéraire, bien qu’un peu plus vallonné sur la fin, ne présente que peu de dénivelé (80m+). Quant au balisage, il est irréprochable.

A noter qu’à la sortie de Blois, il vaut mieux remonter la berge sur la gauche comme indiqué que se risquer, comme nous l’avons fait, à « serrer « la Loire de près. Ce qui implique de poursuivre sur une portion scabreuse et douloureusement tape-cul, qui, si elle reste parallèle au fleuve ne nous le fait pas moins perdre de vue.

Arrivés à Chaumont-sur-Loire, nous faisons un arrêt à la buvette avant d’entamer, vers 15h, la visite du château et des jardins.

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Vouloir visiter le château de Chaumont-sur-Loire et les jardins alentour en moins de trois heures serait illusoire. La foule amassée à l’intérieur du château complique la visite et oblige à quelques pas de côté, contorsions et esquives. Par ailleurs, le festival international des jardins mériterait à lui seul une demie journée.

Les lieux font la part belle à l’art contemporain : l’intérieur du château décline une multitude d’expos (pour la plupart dénuées d’intérêt), avec comme partout, des écrans babillards, des installations bariolées… La chapelle embroussaillée peut susciter la perplexité (mais la perplexité, c’est déjà quelque chose). Pour ce qui est des jardins, ils offrent un florilège d’écosystèmes miniatures, allant de la serre à la ravine, en passant par la tourbière. Un signe qui ne trompe pas: Les insectes y pullulent.

Les papillons aussi veulent être de la fête, ils prennent la pose et semblent indifférents à la présence humaine à la seule condition de n’être capturés qu’en photos. Il y a beau temps qu’on n’avait pas vu autant de Paon-du-Jour.

Au fur et à mesure de nos pérégrinations, nous nous sommes pris au jeu et laissés charmés par ce feu d’artifices paysager.

Nous découvrons à nos dépens que les itinérances à bicyclette présentent d’autres inconvénients que la seule compression du nerf pudendal (manière pudique de dire qu’on en a plein le dos…). Les visites demandant beaucoup d’attention; deux châteaux dans la même journée relèvent déjà d’un grand festin propre à vous rassasier. Les transitions rapides entre la solitude béate de longues pistes cyclables et l’arrivée brutale au milieu d’une foule génère, comme les masses d’air chaud lorsqu’elles rencontrent des masses d’air froid, des orages sensoriels. Si c’était à refaire, on programmerait 2/3 h de vélo max et on profiterait du reste de la journée pour les visites. Avec notre programme un poil surchargé nous n’avons bien souvent fait que survoler.

Après un dîner frugal, nous longeons très lentement les bords de la Loire pour admirer le coucher du soleil. Pas jusqu’au bout toutefois, parce qu’il est temps d’installer notre bivouac, Dieu sait où. La nuit gagne vite les coteaux. A la hâte, nous dressons un campement au milieu des arbres. Peut-être aurions-nous mieux fait d’affronter ces nuées de moucherons au bord du fleuve et d’y camper entre deux buissons… L’activité autour de nous est en effet assez démente. Entre piétinements, enfouissements divers, respirations rauques. Qui plus est, un frelon s’est incrusté dans la doublure de notre tente! Vive les nuits brèves!

J2-De Chaumont sur Loire à Amboise en passant par Chenonceau

De Chaumont sur Loire au Château de Chenonceau 28 kms

Direction Chenonceau. Nous avons expressément besoin d’un café pour sortir du coltar. La route est monotone et il est trop tôt pour siroter; les magasins sont fermés. Chessay-en-Touraine arrive comme le sauveur, sous la forme d’un petit bureau de tabac, diffusant un alléchant arôme de caféine. Requinqués, nous reprenons la route sur un chemin redevenu agréable, le long du Cher qui retrouve des couleurs. Non loin de là, d’ailleurs, ce dernier se jette dans la Loire, non sans avoir vendu cher sa peau.

L’arrivée à Chenonceau vers 10h s’annonce sans surprise; très dense avec un flot ininterrompu de véhicules qui n’augure rien de bon. Nos tickets achetés, le premier créneau disponible n’est qu’à 11H15. Les jauges prévues pour réguler la fréquentation, ne semblent vouées qu’à maintenir un oxygène presque respirable à l’intérieur du château. Nos chances de survie sont minces, voire inexistantes si on s’attarde dans ces spacieux salons aux voûtes immenses. N’étant plus à un paradoxe près, après avoir payé pour entrer, nous devons jouer des coudes pour sortir. Les vastes cuisines de Catherine de Médicis se sont changées en hall de gare. On se résigne à visiter les jardins, n long en large et en travers.

Dommage de ne pas proposer de billets découplés. Ce qui entraînerait la désaturation des espaces payant, si j’ose dire. Mais bon, j’imagine qu’il y a des frais à amortir. La visite des jardins et de l’extérieur du château nous aurait amplement satisfaits…

De Chenonceau à Amboise 19 kms

Nous nous arrêtons pour déjeuner et après quelques échanges nous décidons d’écourter notre petit périple, initialement prévu jusqu’à Saumur. En effet, le temps se gâte et les prévisions météo ne sont guère engageantes. En prime, il fait déjà lourd. On se sent fatigués, un peu dépités par la visite de Chenonceau: L’édifice constituait pour nous une sorte d’idéal d’élégance, une rêverie architecturale qui restera à jamais en suspens. Amboise sera donc l’étape finale de ce week-end; on laissera la suite aux calendes. La route pour se rendre à Amboise présente assez peu d’intérêt, hormis un court passage en forêt. Notre arrivée en ville coïncide avec ce sentiment d’avoir fait le tour du sujet, pour ne pas dire qu’elle nous conforte dans notre désir de fuite. C’est sans regret que nous laissons cette traversée inachevée, dans sa touffeur orageuse.

Epilogue

Le bilan (faut-il vraiment faire le bilan?). Comme on pouvait s’y attendre, il y avait du monde, beaucoup de monde. Partir contempler les châteaux lors d’un pont du 15 aout est peut-être une entreprise déraisonnable, mais nous comptions sur la ruse et sur nos habitudes matinales. Enfin, sauf pour Chambord, cela n’a pas marché.

Et pourtant, tout s’est très bien passé: Nous avons eu beau temps, l’arrivée à Blois nous a fait impression. Nous avons passé une chouette soirée: L’ambiance était agréablement animée et festive, le spectacle « sons et lumières » vraiment très instructif. Nous avons également pris plaisir à (re)visiter le château de Chambord (à l’ouverture) et les jardins de Chaumont sur Loire. Mais pour ma part, je sature très vite sur ce genre de périple: Du fait de l’absence de nature sauvage, du manque d’immersion dans les paysages et du caractère ultra-normatif du parcours, je ne me retrouve décidément plus dans ce genre d’expériences.

En revanche, c’est absolument magnifique: Chambord et Chenonceaux sont deux bijoux à voir au moins une fois dans sa vie. Il vaut mieux y aller au printemps. Par contre, la relative rareté de la Loire nous a un peu déçu. On ne la voit que par éclairs. Après, pour le reste, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes, d’avoir trop chargé la barque et d’être partis au cœur de l’été. 

Petits bonus habituels:

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