« C’est drôle, ces volcans, on dirait des termitières, ai-je un jour cru bon de faire remarquer. Oui, bon, c’est un peu court, peut-être un trait d’esprit légèrement obscur, mais quelquefois, il ne faut plus filtrer ses impressions. Une île a toujours quelque chose d’un refuge. On s’y éloigne de son poids, d’une histoire plus ou moins convenue pour y trouver une seconde patrie ou le décor idéal d’un exil: Et ces différents pigments se retrouvent sur l’île de Lanzarote, aux sables rouges, blonds, noirs et bruns, aux ambiances désertiques ou maritimes. L’exiguïté simplifie les pérégrinations: Faut-il encore qu’un sentier ait été tracé (et entretenu) pour relier un village à un autre village. Cette pauvreté relative de l’île en sentiers côtiers ou en objectifs de randonnées m’a rendu moins accessible la beauté solaire et dépouillée de l’île, jusqu’à ce que le parc de Timanfaya esquisse ses dômes d’argile rouge dans la splendeur du matin. C’est alors que m’apparut sa flore luxuriante, ses extravagants contrastes, entre dunes et caldeiras, son atmosphère nue et ventée, raffinée et austère.
La possibilité d’une île est le quatrième roman de Michel Houellbecq, à titre personnel l’un de mes favoris. Or, c’est ici-même que la secte millénariste imaginée par l’auteur (fortement inspirée des Raeliens) se réunit pour relancer la natalité humaine. Et, de fait, en dépit des apparences, Lanzarote se distingue par la fertilité extrême et prodigieuse de ses terres. Entre figuiers, citronniers et cépages viticoles, pommes de terre et oignons poussant sur la cendre d’anciennes éruptions, l’île est battue par les vents toute l’année et il y règne une sorte de torpeur, une tristesse chamarré. Les vignes poussent drues, grâce à l’ingéniosité des paysans, nichant dans des trous cerclés de pierres, résistant au ruissellement du aux reliefs du territoire, ainsi qu’aux bourrasques. Il y a des dromadaires partout; sur une île c’est un peu loufoque. On croirait voir la terre après un déluge, pourtant les insulaires vivent désormais, plus que de leur récolte ou de la pêche, d’une industrie touristique prospère. Le réseau secret d’empreintes qu’une multitude de cratères désigne a rendu plus d’un esprit cartésien très légèrement superstitieux. Rester trop longtemps ici, c’est la garantie de développer une théorie sur l’énergie tellurique ou le tantrisme du zéphyr. Enfin, je me moque un peu, vous l’aurez compris. Je retiendrai surtout les couleurs de la terre sous la caresse des cieux changeant, des dômes aux teintes de brique érigeant autant d’énigmes. Ne cherchez pas l’eau: Il n’y en a pas trace. Autant aller la débusquer sur la planète rouge. Par contre, en sus des euphorbes, il semble que des étincelles de soufre prennent vie partout, vestige d’un long feu vitrifié.
Le volcan Corona / Augure fâcheux…?
« Yésus est une montagne de fromage » Salvador Dali
Aux heures de pointe, nous n’osons plus planter un orteil sur cette plage bondée
La petitesse de l’homme
Parfois je me demande si mon reflet ne me grandirait pas un peu…
La palme est attribuée à… Lanza Del Vasto
Étrange lune de miel (tâchée de vin), le photographe arrive à pic
Tumulus latérite sur damier basaltique
Ce désert rouge patiente depuis des millénaires. Aurez-vous la patience de jouer avec lui?
Ville aux lignes épurées, dans le plus pur style Canarien
Lanzarote, une sorte de musée du cratère.
Un petit aspect ultramarin, juste sur les bords
Port pénard d’Arrecife
Playa de Papagano
Réflexion sur la solitude des tortues hermaphrodites
Impression d’immensité sur une île minuscule. Est-ce moi ou la terre tremble?
Voici les créations bizarres, biscornues d’un artiste anonyme (dont ce n’est que le jardin)
Des trous, des cratères, et la côte sauvage, à deux pas des salines
Et pour finir les dunes pourpres…
Combien de jours avons-nous passé ici, à Lanzarote, je ne m’en souviens plus. Peut-être six ou sept? Qu’y avons-nous fait? Ce n’est plus très clair dans ma tête. De longues errances en diagonale, dans les grandes largeurs. Il n’y a pas, à proprement parler, beaucoup à faire sur l’île. Surtout pour des randonneurs compulsifs comme nous. En somme, on s’arrête au bord de la route, scruter une petite lueur qui n’est peut-être que le reflet d’une longue-vue. Enfin, bref, on boit du vent. On écoute le vin pousser. Pour ce qui est du décor, il est somptueux. L’art de vivre, prenant. Hélas, quelques bémols s’esquissent: Le parc Timanfaya nous a un peu déçu. On pensait pouvoir l’explorer à pieds, mais non! Patatra. Un garde nous a mis en fuite avec son sifflet. Il est obligatoire de découvrir cet eldorado géologique de l’intérieur d’un autocar aux vitres sales, et l’immersion n’a rien de bluffante. Toujours est-il que nous en gardons un souvenir mitigé. Pour le reste, l’île jouit d’un certain charme, propice aux longues déambulations circulaires.