La Gomera – l’île vierge

La Gomera – l’île vierge

Dans l’ombre de sa grande sœur, Tenerife, La Gomera joue la discrète. On entend peu parler de ce minuscule champignon d’origine volcanique, aride au sud et boisé au nord. Et nous y voilà. Sur l’île du Silbo, langage sifflé reviviscent, une magnifique forêt humide s’étend le long des montagnes dont on aperçoit l’échine depuis les flancs du Teno. On ne tarde plus à remarquer à quel point l’île est petite et à quel point nous y sommes seuls. Il faut dire que nous avons pu partir dès le 15 décembre (veinards que nous sommes). Avec le temps, comme un soupir murmuré dans une conque, sa renommée a fini par se frayer un chemin jusqu’à nos oreilles et nous voilà, heureux d’avoir sauté le pas. L’avion flotte au-dessus des côtes, l’excitation culmine, l’appareil pique du nez… Nous y sommes!

La carte et le territoire: En quoi différeront-t-ils?

Imada

Imada et son ambiance « old’time » surplombe la côte escarpé

La Fortalezza

Ouranos et Gaïa

Valle Gran Rey

Un hameau pénard (Macayo) donnant envie de refaire sa vie

Roque Ojila - Garajonay

Le tour du Roque Ojila dévoile les jolis flancs du Garajonay.

Valle Gran Rey

Sentier tropical dans la Valle Gran Rey

Cuevas Blancas

Vers les Cuevas Blancas, dans les montagnes friables

El Guro

Qui doutait qu’un village de hippies allemands puisse avoir cette gueule?

L’essence-même du mystère: La nature

Le palmier percé et l’oie boudeuse

Presa de Meriga

L’espace d’une vision, j’ai vu ces troncs morts comme des mains tendues vers le ciel, implorant leur salut…

Valle Gran Rey

« Pourquoi on se calmerait, on vit pas dans des palmeraies… » Euh, vraiment?

Vallehermoso - Presa de Encantada

La banlieue nord de Vallehermoso, presa de encantada: Chants d’oiseaux, champs de cannes…

Garajonay

Ce pin a l’élégance d’un instrument de musique Perse ou d’un chandelier Etrusque

Garajonay

Cactus et pins ont l’air très copains

Presa de Meriga

Presa de Meriga: un lieu bien paisible

Cuevas Blancas

Les ravins aux commissures du Garajonay et du Majona

Raso de la Bruma
Cuevas Blancas

Sans le savoir on passe sa vie à danser sur un volcan: ici, on peut difficilement l’ignorer.

Raso de la Bruma

Dire que cette forêt semble vivante n’a rien d’une métaphore

Coucher de soleil dans le Garajonay

Un sosie Canarien du Mont Aiguille

Banian vénérable

Garajonay
Garajonay
Garajonay

A vol d’oiseau, nous ne sommes qu’à 6km de la Playa de Santiago

Cuevas Blancas

Heureusement, cette nouvelle autoroute nous fera arriver plus vite

Arure

L’une des nombreuses petites retenues autour d’Arure

Roque di Cano

Roque di Cano, et ses faux airs de Mont Aiguille

Frangipanier d’hiver

Cuevas Blancas

Entrebâillons les rideaux d’épines, dans le parc du Majona

Garajonay

Les quatre Roque entrent en fusion

Garajonay

La brume de Garajonay

Playa de Alojera

Petite leçon de géométrie

Garajonay

L’arbre-labyrinthe

La Fortalezza
Garajonay
Garajonay

Une crèche de Noël qui sent le sapin

Mirador Punta de Alcala
Garajonay

Un pont lancé de la terre au ciel, tranché plusieurs milliards d’années plus tôt…

Valehermoso

Nous aurions marché des années dans cette atmosphère

Reflets impressionnistes

Cuevas Blancas

Un reg couleur brique

Presa de Encantara

Ce gondolier Guanche remonte la rivière du temps

L’un des rares gratte-ciels Gomeriens

Castel Del Mar

Vue sur le goulot du château de la mer (castel del mar) et sur le chemin étroit menant au-delà…

Valle Gran Rey

Une plage au charme désuet à Valle Gran Rey

Garajonay

Un coucou aux Tinerfenos!

Quand on croit voir une éruption solaire dans une paisible fin de soirée…

Vallehermoso

Le rocher Cano domine le jardin botanique « anarchisant » de Vallehermoso

Garajonay

Une pinède soyeuse aux relents La Palmesques

Valle Gran Rey

Le sud riant de Valle Gran Rey

L’oiseau de paradis semble foncer à un train d’enfer

Presa de Encantadora

Presa de Encantadora

Qui le premier allumera la bougie du salut?

La Laja

Descente sportive du Roque Ojila à La Laja

Cuevas Blancas

Vasques bien commodes dans les Cuevas Blancas

Baranco De Arure

Le minéral gardien du Baranco de Arure

El Guro

Lumineux village d’El Guro

Vallehermoso

En route pour la maison, sur les hauteurs de Vallehermoso, direction El Teon

On perçoit distinctement les coulées blanchâtres, pétrification du pyroclaste

J’aime passionnément la complexité de ces troncs; nous avons passé des heures à les étudier, à leur prêter des stratégies de survie, à leur deviner des penchants. Or, si-il penchaient bien quelque part, c’était sur nous. Ils nous étudiaient « chimiquement » pendant que nous faisions de même, mais ils nous étudiaient du haut de leur millions d’années…

Le Teide: Ou la montagne qui sort de l’eau (le mont analogue?)

Méditation sur le temps qui passe

La force tranquille (6h avant l’entorse de cheville)

Garajonay

La force brute

Des bois inextricables

Un donjon sur l’Atlantique

Ermita de Santa Clara

Cultures en étage vers l’Ermita de Santa Clara

El Salto de Agua

Cascade chétive d’El Salto de Agua

La Fortalezza

La Fortalezza, beauté crépusculaire

Une roche sur laquelle on ne mettrait pas les pieds

Las hayas

Derniers feux sur Las Hayas

Vallehermoso

Le seul affichage publicitaire qu’on ait vu sur l’île

Totems velus en touffes

Playa de Vallehermoso

Vers la playa de Vallehermoso

El Cedro

L’une des douze espèces de lauriers d’El Cedro

Roque Blanco

Montée au Roque Blanco

Playa de la Caletta

Playa de la Caleta

Cuevas Blancas

Ombre et lumière dans leur vieille dispute

Garajonay

Lac de retenue – village de La Laja

Vallehermoso

Vue du Roque Cano dominant la vallée de Vallehermoso

Les embruns du château abandonné

Vallehermoso

La nature a horreur du vide; elle n’aime pas mieux la géométrie, lui préférant les trompe-l’œil.

L’arbre à saucisses

Quand soleils et lunes parviennent à un statu quo

Les Presa bordés de pins soyeux

Feuilleté nous racontant l’histoire de l’île: Pour faire court, la lave a découché une nuit et crac

Roque de Agando

L’imposant Roque de Agando, dressé à la face des cieux

Toc toc, y a quelqu’un?

Nous croyons cette partie nord de l’île encore plus verte que La Palma

L’air fouette « poliment » les joues et la mer pimente le tout. Le château abandonné servit encore, il y a peut-être vingt-ans, comme salle des fêtes, suite aux efforts de réhabilitation d’un particulier allemand (très particulier, même), puis il retomba dans l’oubli.

La terre joue de l’orgue aux oreilles les plus fines

Los Organos

Regard arrière vers Los Organos. Le temps a manqué pour admirer ses sculptures basaltiques…

Laurisilva au crépuscule

Vallehermoso

La « belle vallée » n’a pas volé son nom

Vallehermoso

Rue passante de Vallehermoso, au moment du « feu vert »

A voir la côte de Vallehermoso, on peine à croire qu’il puisse s’agir de l’une des moins ravinée de l’île

Silve enchantée ou ensorcelée?

Roque de Agando

La Gomera n’a plus de cratère, mais un épicentre de caractère

Hermigua « Star Gate » ou la brèche de Roland Canarienne

La Fortalezza

Le cosmos s’embrase puis s’éteint lentement

Playa de Santiago

Playa de Santiago sous des cieux tourmentés

El Cedro

L’ancestrale Laurisilva dans sa brume autochtone

Puis l’embellie tant attendue

Le sud solitaire compte tout de même quelques palmiers, toujours bons camarades

Nous quittons l’île en pleine goutte froide

Et comme souvent, l’histoire finit par… une chèvre…

 

L’histoire de la Gomera s’écrit au fil des pas et revêt quelques aspects énigmatiques. Où sont donc passés les habitants de ces campagnes, aux allures de vallées de Cocagne? Pourquoi ont-ils abandonné leurs maisons en y laissant leurs draps, leur vaisselle, voire parfois leurs photographies encadrées? Le fait nous a d’autant plus intrigué qu’il a été observé à plusieurs reprises, parfois dans des lieux improbables. Passé El Teon, des dizaines de fermes sinistrées creusaient la même question sans réponse: qu’est-t-il arrivé pour que les habitants semblent avoir déguerpi à toute allure? Un séisme? Une crue?

Face à ce phénomène des villages fantômes que nous commençons à connaître, deux attitudes tendent à s’exprimer à la fois: Tout d’abord, la curiosité. Il y a bien eu quelque chose plutôt que rien; une histoire, une cause, un effet, un début et une fin. On en cherche les traces. Puis on se sent un peu honteux, une tristesse sourde nous empoigne. Est-ce qu’on ne profane pas la dernière demeure de braves gens qui, même de leur vivant, ne nous demandaient rien? Les yeux nous piquent, le cœur bat, mais la curiosité l’emporte. « Je jette juste un coup d’œil, deux minutes » Ici ce qui frappe c’est la soudaineté de l’action; certaines pièces ressemblent à des scènes de crime, indiquant que les fermiers ont décampé en catastrophe, plié bagages du jour au lendemain, n’emportant que le strict nécessaire. Renseignements pris, il y a bien eu un exode massif à la Gomera. Travailler la terre était devenu trop difficile; le « business model » de Tenerife finissant par s’ébruiter, des milliers de Gomeros quittèrent leur terre natale, avec femme et enfant, pour tenter l’aventure là-bas. D’autres s’envolèrent même pour l’Amérique Latine, Cuba et le Vénézuela. Car, si pour le voyageur, l’île ressemble à un paradis, il faut s’imaginer ce que représente une journée de travail sur ces fameuses cultures en étage; et devant la dureté, et la frugalité d’une telle existence, un choix se présentant à eux, un Goméros sur trois opta pour l’étranger. En sorte qu’aujourd’hui, la diaspora Gomeros excède en nombre la population totale de l’île (environs vingt-mille habitants).

Voilà qui explique cette impression persistante d’évoluer sur un territoire dépeuplé, sans être sinstré pour autant, spécialement autour de Vallehermoso où nous avons élu domicile. Dès les premiers jours, quelle ne fut pas notre stupeur de visiter ce jardin botanique à l’abandon, une plage solitaire, digne de la planète des singes, de remarquer partout ces maisons inachevées, aux fenêtres éborgnées, aux toitures crevées, glissant la sensation de visiter une sorte de Tchernobyl tropical. Un Requiem pour l’opulence perdue! C’est ironique, quand des générations de naturalistes se pressent au chevet de la laurisilva, trésor naturel de l’île. En effet, n’y aurait-il pas un fantôme dans le placard, le fantôme d’un passé qui ne passe pas, d’une histoire récente douloureuse et amère; celle d’un paradis perdu, pour alimenter ces complexes hôteliers pourrissant les côtes Espagnoles.

Mais tout de même, ces forêts humides, ne sont-t-elles pas magiques? Nous n’arrivons pas à décider quelle est la plus belle laurisylve, entre celle de Madère, celle de la Palma, ou celle des Açores. Nous avons désormais visité toutes les forêts laurifères de Macaronésie et il nous est impossible d’affirmer laquelle nous a le plus inspiré. Pour ma part, puisqu’il faut se mouiller un peu (dans une forêt humide), je crois n’avoir jamais vu auparavant de bois aussi biscornus et entortillés qu’à Garajonay. Existe-t-il une méthode d’approche de ces bois Goméros? Non, probablement aucune. Il faut se laisser prendre. L’envoûtante beauté de ses arbres et le silence étranges qui y règne rendra inoubliable la traversée de ces cœurs insulaires où l’essentiel des pluies se concentre. Nous avons pris tout le temps nécessaire pour nous immerger dans ces labyrinthes hypnotisant, quitte à vagabonder de longues heures sur ces chemins de traverse, et le jeu en valait la chandelle.

 

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