Hautes-Pyrénées – Baptême en Pays Toy

Hautes-Pyrénées – Baptême en Pays Toy

Depuis le temps qu’on se le disait! On a fini par se lancer (ça finit toujours comme ça). Les Pyrénées nous faisaient rêver, mais d’une manière paradoxale. Un peu dans l’ombre des Alpes et moins faciles d’accès pour nous, disons qu’on se trouvait toujours de bonnes raisons de ne pas y aller. Mais à force d’entendre tous ces récits sur le cirque de Gavarnie, le Mont Perdu, et ces noms intrigants et charmants tels que le Balaïtous, le Vignemale (tout un poème n’est-ce pas?), les Hourquettes de Gaube (du pur Jarry) il a bien fallu un jour ravaler ses scrupules (infidèles aux Alpes, nous?) et déployer ses ailes…

Avant toute chose, notre sponsor: Les Coucougnettes, meilleur bonbon de France!

Le ciel hésite entre nous tomber dessus, nous envelopper ou nous ouvrir les yeux

Eaux Chaudes, station thermale au charme désuet, fut notre premier pied-à-terre

Dans le département, les cascades foisonnent; l’eau trace sa voie en un friselis argenté

C’est aussi le territoire de l’éboulis, de la purge à l’explosif. Du dynamitage préventif…

Mais commençons par le commencement: La vallée d’Ossau. Un monument national s’étirant entre la commune de Rébénacq et le col du Pourtalet, à la frontière Espagnole. Un morceau de choix à n’avaler qu’après l’avoir longtemps fait tourner en bouche

La dite vallée fourmille d’électricité statique, nimbant une demi-douzaine de petits lacs

Lesquels se nomment les lacs d’Ayous (Ayou Ayou Ayouuuuuu)

Pas vilains du tout ces Ayous

Même qu’on est allé les admirer d’un peu plus haut, vu qu’on avait le temps

Tout en cheminant vers le Pic des Moines (on a la grâce ou on ne l’a pas)

Enfin bon, on redescend se baigner, la tentation est trop forte

Dans celui-ci à vrai dire, dont le beau bleu sombre à 10° se mérite

Avant d’opérer un rapide voyage dans le temps: Nostalgie quand tu nous prends…

Allez, on s’en revient au lac de Bious Artigues, un coin de pêche idéal. Bref une journée splendide, sans difficulté, un excellent prélude pour s’échauffer un peu les guiboles.

Le lendemain matin, l’eau bondit vers nous dans son plus simple appareil: Le ru

Arrivé au lac d’Anglas nous grimpons au pic d’Are Surins, pas franchement une célébrité

L’espace commence à changer, le ciel donne des signes de transformation

Un vallon somptueux nous apparaît, précédant une zone alluvionnaire (on ne verra bientôt plus à cinq mètres). Le smog aura-t-il le dernier mot?

Bon ça commence un peu à sentir le roussi – on ne le sait pas, mais le temps va tourner pour cinq jours au moins, papy Helios va baisser les stores

Heureusement, on a Huggy les bons tuyaux

Alors on tient le bon bout… Quand on est paumé, on suit la rivière, dans le sens du courant, plutôt que d’activer son GPS.

Nous voilà à la Fruitière dont ma mère m’avait dit grand bien. A peine devant l’accueil du gîte, on nous apostrophe ainsi: « Y a une vache qui vient de mettre bas. Si vous la voyez, assurez-vous que tout va bien. » On acquiesce, un peu confus. En quoi consistera exactement notre tâche? Nous serons vite fixés.

Et en effet. Sauf que, en guise de vache et veau, c’est une jument et son poulain exténué que nous rencontrons, immédiatement attendris par la scène.

Bon, et après, nous marchons jusqu’au lac. Il pleut par intermittence, les nuages font du sur-place. La ballade est chouette mais on attend l’éclaircie qui donnerait à tout sa robe estivale

Le torrent de la Frutière dégouline, bondit de pierre en pierre. Le temps s’arrange un peu.

C’est à se tordre de rire pas vrai? Il étaient partis chercher une vache en couche, et ils sont tombés sur Béatrice et son petit Jules! Hoho les boloss!

L’inoubliable sentier des cascades, au départ de Cauterets, nous propulse rapidement jusqu’au pont d’Espagne.

Pont d’Espagne que voici (bien qu’il ne mène guère en Espagne)

Un fortin oublié veille sur le torrent de Gaube

Les belles eaux tumultueuses des cascades nous escortent jusqu’aux châtaigneraies moussues

Allez, dernière cascade! Il y en a ici toute une tripotée, mais ceci n’étant pas un catalogue d’eau vive, passons à la suite

Tiens, en voilà encore une! Cette fois, nous sommes au départ de la vallée du Marcadau

Vallée que voici, une longue marche s’inaugure sous un ciel laiteux, voire un peu menaçant

Progresser dans cette vallée fut un bonheur inouï, bien qu’il pleuve par endroit

De l’eau, encore de l’eau, nous ne mourrons pas de soif aujourd’hui…

Halte au col d’Arratile: Une boîte de sardines plus tard, nous reprenons la route

Nous franchissons plusieurs cols, basculons côté Espagnol, puis aboutissons au col des Mulets.

Que nous dévalons ici-même, avec entrain… Dans un pierrier instable.

Dos au Vignemale, nous entamons notre longue boucle vers le lac de Gaube

Nous n’aurons décidément pas vu le soleil de la journée: Mais cette marche était fantastique

Et le lendemain, le beau temps est de retour. Cap sur le Pic Cabaliros

L’oeil béant du lac s’illuminera-t-il?

L’herbe devient touffue, la chaleur monte… On est enfin en tenue d’été

Puis tout s’accélère, on débarque au pays Toy, à Luz Saint-Sauveur, puis on poursuit jusqu’au col des Tentes, frôlant le casque de Marboré. La région est superbe!

On musarde autour du lac des Espécières avant d’entreprendre l’ascension du pic St André

La vue de là-haut est assez plaisante; on distingue même la brèche de Roland (à droite)

D’ici on voit bien la crête conduisant au Port de Boucharo (un nom de col que j’aime bien)

Le matin suivant, on s’attaque à un géant: Le cirque de Gavarnie

Dans les vagues pétrifiées du cirque

Mais avant cela, la montée sportive des échelles de Sarradets

La suite se résumerait à un concours de beauté entre ciel et terre

On entame bientôt la redescente vers Gavarnie – le village cette fois

Le cirque en fin d’après-midi

A Troumouse, le temps redevient maussade. Vraiment la poisse!

Ce qui ne va pas s’arranger du tout. La tendance dépressionnaire se referme sur nous, ne nous laissant que des miettes de soleil. Nous renonçons à entrer dans le cirque d’Estaubé (le moins fameux des trois) et nous filons prématurément dans la réserve du Néouvielle où encore plus de pluie nous attend. En se promenant dans les rues de Saint-Larry-Soulan, un peu déconfits, on se demande si on ne va pas abdiquer. La pluie nous gèle les os, le vent nous cisaille les tempes… Du coup, on se remémore les bons moments:

La cime d’Are Surins et le tour du pic du Midi d’Ossau

Le versant ouest du cirque de Troumouse

Les environs du col des Tentes où nous étions si bien

Les chaînes Pyrénéennes en Blu Ray

Gavarnie en fin de journée

Le lac Casterau, superstar des lacs d’Ayous

Enfin, les cieux cléments

Ces délicieuses petites cascades ruisselant par centaines autour de Cauterets

Même la grisaille à Troumouse voit son blason redoré

De même, l’amphithéâtre contigu au grand cirque, point G des Hautes-Pyrénées

Et les cascades de Gavarnie, titanesques, auprès desquelles on se sent comme une fourmi

Et bien-sûr, la vallée du Marcadau, pour rejoindre le Vignemale

Enfin, trêve de réminiscences, voici l’un des lacs du Neouvielle, avant la pluie

Un autre, le suivant, dont le nom m’échappe, dans une ambiance romantique…

Entre deux averses, l’embrasure des cimes se reflète par éclipse

Et nous frôlons le fou-rire quand trois moutons désorientés étudient la carte

Et toutes ces petites choses qui font que nous aimons tant être dans la nature… Ces moments de poésie où l’on surprend l’accouchement d’une jument, ces troupeaux carillonnant qui passent au milieu du village, juste sous notre fenêtre, ces anecdotes pittoresques qu’on nous raconte partout, ces bergers chantonnant, ces salamandres surprises sous les fougères…

Ces rivières soyeuses, regorgeant de petites chutes et éternuements d’eau

Ces passages rocailleux aux couleurs étranges, en Espagne, sur le col des Mulets

Ces chevaux paissant, ne craignant rien

Le fracas assourdissant de l’eau, plus présente encore que dans les Alpes, se frayant une voie.

Ces moutons allant par deux dans la somptueuse vallée du Marcadau

Ces ombres hilares d’arpenteurs vous passant le bonjour

La Sainte Vierge à Troumouse

Ou l’un de ces petits lacs sans nom au-dessus du lac d’Uzious

Et ces animaux partout en liberté. Là où les chevaux vont libres, le cœur du poète vibre

La place de l’homme dans la nature

Ce prélude bucolique à l’ascension du Pic Cabaliros

Et parce que, de là-haut, les nuages ont l’air d’acrobates…

Ces sentiers zébrant les pentes du Col des Moines, tellement même qu’on s’y perd…

Ces simple pauses méditatives qui vous ressourcent, (au lac d’Aubert, le temps d’une embellie)

   

On en aura vu des merveilles, à en devenir béats du Béarn.

Certes, pour nous, la route est longue. C’est quand même une dizaine d’heures pour atteindre Lourdes. Et si nous n’y allons pas pour les meilleures raisons – le pèlerinage – nous ne nous faisons pas prier pour expier. (…) De part la générosité de ses hautes forêts, l’impétuosité de ses torrents et cascades, la région déploie une palette inoubliable où plus d’un esthète aimerait tremper son pinceau.

Dans l’ensemble, la météo aura été mauvaise, voire très mauvaise, avec de la pluie un jour sur deux, écourtant même notre quinzaine. Nous aurons eu gros temps, très couvert deux jours sur trois avec deux méchants orages. Enfin, nous ne l’avons pas pris en mauvaise part. C’est aussi la preuve qu’on peut se régaler même avec des conditions vraiment difficiles… La plus longue de nos sorties, à savoir: De la vallée du Marcadau à celle de Gaube par le col des mulets s’est intégralement déroulée sous une épaisse calotte nuageuse, ventilant son crachin. L’espoir que celle-ci se fendille nous a donné des ailes: Un souvenir impérissable! Alors bien-sûr, cela fixe pas mal de limites pour les sorties engagées, mais les aléas climatiques, plutôt habituels par ici, ne doivent surtout pas inhiber outre mesure le randonneur à la journée. Certes nous avons été frustrés de ne pas pouvoir nous aventurer plus loin, à cause de la brume, dans le secteur d’Aucupat et de Pambassibé, pour y découvrir le Pic de Ger. De pousser plus loin au niveau du lac d’Estom Soubiran, où nous attendaient de belles découvertes. Mais pas de regrets, nous y aurions laissé des plumes. Idem sur la réserve du Néouvielle, où il nous a fallu renoncer à l’ascension du Pic éponyme initialement prévue.

A notre grand déplaisir, alors que la région nous envoûtait toujours plus, par son authenticité (le mot est galvaudé, je sais), son pastoralisme et la gentillesse de ses habitants, les orages ont eu raison de notre bonne volonté et nous sommes rentrés la queue basse en région Parisienne. Il faudra revenir bientôt, et nous envisageons d’accomplir notre première itinérance de long cours sur la Haute-Route des Pyrénées, tant les paysages du Béarn et de l’Ariège nous ont marqué! Nous prévoirons un mois! Il n’en faudra pas moins pour faire la connaissance de ces estives foisonnantes, de ces chemins de crêtes très aériens et de ces pierriers lunaires… Parole de randonneurs!

Il nous faudra en particulier reprendre notre exploration de la réserve du Néouvielle, que l’atmosphère obscure amoindrit en termes de contrastes. Par eclipse, nous avons aperçu ce pourquoi elle jouit d’une telle réputation. Un chapelet de lacs aux écrins boisés, immersion sauvage dans les bois aux essences uniques… Un jour, nous viendrons reprendre la marche là où nous l’avions laissée.

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