Profitons de ce week-end pascal pour explorer le massif du Jura et, en particulier, ses gorges innombrables. L’Ain, le Doubs, la Noailles, la Loue, la Lemme, la Saine, le Lison, la langouette et le Malvaux… autant de petits fleuves ou de rivières fougueuses se frayant un chemin entre les tufs calcaires et les canyons de marne. Il est conseillé d’arpenter ces gorges après de longues journées de pluies, par exemple en mars. Et pour avoir plu, il a plu! On se souviendra bien longtemps de ces marches improvisées à fleur d’eau, au milieu des troncs moussus et des feulements de l’eau, aux mille tourbillons et marmites bouillonnantes. Des pertes de l’Ain, des sources de la Loue et du Lison, du bassin des Joyaux, du Creux Billard ou encore de la splendide cascade du Vernaux (et bien d’autres), voici quelques reflets.
Les mousses tapissent le tronc des hêtres et des bouleaux…
L’aquatique diadème de Baume-les-Messieurs
Les eaux descendent les bois en sifflotant
Aux Planches-Prés-Arbois, calme bourgade envahie durant l’épidémie Covid 19, ce bijou aux vasques ciselées demeure l’une des plus belles cascade de France
Autre beauté dans la famille des chutes du Haut-Doubs: La cascade du Verneau.
Premier soir sur place
Pays montueux du mont Poupet
L’escargot ne recule jamais
Source du Lison: A peine sortie, elle écume déjà!
La cascade-en-chandelier de Baume-Les-Messieurs (ou cascade des Tufs, troisième du nom)
A travers un miroir d’eau, nous assistons au lâcher de rideau
Quand les branches aux doigts moussus s’apparentent aux bois du cerf
La rivière Lemme glisse par cette fissure étroite et accouche de l’étonnante cascade de la Billaude
Prise de vue latérale sur la cascade de Baume-les-Messieurs, d’où l’on perçoit le lit en tufs du Dard
Les gorges de la Nouailles, par les hauteurs, offrent de jolis balcons dominant le Haut-Doubs
Un pêcheur à la mouche semble défier la truite de lui échapper
Encore une chute d’eau qui pourrait s’appeler « le voile de la mariée »
Parfois, à force de se mouiller, la macula se met à dégoupiller
Deux minutes plus tôt, la rétine était sèche
Heureusement, les pluies abondantes assurent le haut-débit
Nous voici dans la grotte des Sarrazins, où niche un petit lac qui doit être très rafraîchissant en été (si-il y subsiste de l’eau)
Les vasques des Planches-Prés-D’Arbois ne vont pas sans rappeler celles de Sainte-Baume
Source de la Cuisance, dans la reculée des Planches-Près-Arbois
Concrétions calcaires rappelant l’appareil digestif d’un monstre marin (voire tout simplement les Enfers)
Dont voici le canal de déjection… (ceci n’est pas une plaisanterie)
Bon, quittons un instant le Haut-Doubs et retournons-nous en au Jura ordinaire, bien qu’il s’agisse à franchement parler du Jura externe, au pied du Mont poupet
Dont la ferveur chrétienne reste bien visible (surtout par gros temps)
Quant à nous, nous repartons sur un hors-sentier glissant à souhait, au Grand Saut de la Loue
Une fois collés à leurs parois, les reculées peuvent avoir l’air presque menaçantes
Contrairement aux charmants plateaux en tuf de la Cuisance
… débouchant sur l’une des plus jolies cascades du Jura, la cascade des Tufs (première du nom)
Quant à la plus secrète cascade du Verneau, nous l’avons élu « chute chouchou 2024 » jusqu’à ce qu’une autre la détrône. Il faut dire que le département du Doubs en regorge!
Voici de jolies sœurs siamoises, les modestes chutes du Verseau, dédiées aux personnes de petite taille…
D’une réputation bien supérieure, la source de la Loue s’enorgueillit d’avoir inspiré l’illustre peintre Gustave Courbet, auteur de l’Origine du monde et chef de file du courant réaliste. De belles cascades nous y attendent…
Dont celle-ci… Au saut modeste, mais à l’écrin splendide…
Puis celle-ci, qui se mérite d’avantage… Toujours dans le Haut-Doubs!
Où nous croisons la route d’un autochtone cuirassé
Puis d’une chimère convexe au fond d’une grotte…
Mais vous ai-je parlé des gorges de la Langouette, dans la haute-vallée de la Saine?
Aux cascades, disons, particulières… se jetant du centre-ville des Planches-en-Montagne. A se demander même si cette humble chute n’est pas le centre-ville des Planches-en-Montagne, son cœur palpitant. Toujours est-t-il que son rugissement rauque doit bercer l’heureux occupant de cette maison, élue en 1982: « domicile le plus proche d’une cascade. »
Un mignon petit bassin dont nous apprendrons plus tard qu’il se nomme « creux des joyaux ». Comme ce nom lui va bien, n’est-ce pas? J’aurais pensé la même chose si d’aventure il s’appelait: « croc des joyeux »
Quelquefois, on ne voit plus le chemin… C’est normal après tout, l’Architecte ne nous a rien promis.
Bien que le résultat dépasse toujours nos espérances
Encore un reflet sympa de nos petites chutes photogéniques, sous leur porche arborescent
Quant à ce tunnel, c’est à se demander où il mène…
Combien de temps a duré ce séjour? Trois jours vous dites?
Aux pertes de l’Ain… Ou aux gains du deux… Ou à l’accord parfait du trois.
« Car lorsqu’ils traversent la vallée des larmes, ils en font une oasis… »
D’autres fois, on traverse une oasis et on en fait un torrent de purin (parfumé à l’huile essentielle de lavande).
Enfin, assez parlé… Admirons maintenant la Saine, trois mois à peine avant les J-O.
La superbe grotte de Baume-Les-Messieurs, dont nous fûmes les premiers visiteurs de l’année…
Ainsi la Loue prit source dans cette montagne et continua d’éructer
Vasques somptueuses des Planches-Prés-Arbois
Invitant à la contemplation…
Ici la Loue rejoint la Nouailles
Jura-sick-park…
Ces parois illustrent l’action corrosive des pluies sur le calcaire, dont l’acide étire de fantastiques concrétions.
Ici sous forme de stalactites…
J’ai rampé dans les catacombes, dans des chatières et des tunnels de lave, mais avec une telle hauteur sous plafond, j’ai surtout choppé un torticolis, à défaut d’obtenir l’autographe de Bruce Wayne…
La cascade serpentine de Baume-les-Messieurs (ou tête de la Méduse) jouit d’une popularité ascendante et d’une indécente accessibilité.
S’agit-il encore d’une cascade?
Le dernier saut du Bief de la Ruine (avec un nom pareil, on comprend qu’elle aille loin) nous a sauté aux yeux
Les anciens avaient-ils tort d’assimiler les grottes aux enfers Plutoniens?
D’étranges apparitions nous effleurent. L’adjectif grotesque prend tout son sens…
En suspension dans une fausse dualité, l’être, fatalement, se dissout en son reflet…
Et sa substance osseuse dégouline sur les murs…
A l’extérieur, nous découvrons, mieux vaut tard que jamais, les cascades du Hérisson.
Dont celle-ci, derrière laquelle se glissent les curieux: Le Saut Girard
Quelques-uns parmi les treize sauts de la cascade de la Bief de la ruine, dans les gorges de Malvaux
Petit saut de vingt mètres au-dessus du Bief de la Ruine, dont l’accès sera réservé aux plus entraînés.
Les douches de Champagne du Haut-Doubs
Le labyrinthe du bois d’érable ou le code crypté d’un insecte mutant
Sous la cascade du Grand Saut, en redescendant la vallée du Hérisson
La même d’un peu plus loin…
Là je ne peux m’empêcher de penser aux films d’horreur de la Hammer que je regardais enfant, avec mon père…
Le plafond de la cathédrale, ponctuée par la danse des chauve-souris
Cascade de l’éventail, éclipsée par le Grand Saut, découvert dix minutes plus tôt…
Le Saut Girard en vue « rétro »
Les printemps pluvieux ont aussi leur charme
Un joli bassin où j’aurais bien nagé un peu, avec dix degrés de plus au mercure
Le Grand Saut, encore lui, me rappelle ma jeunesse, quand on m’appelait le « grand sot ».
Les sources du Lison jaillissent d’un trou béant, taillé dans la falaise
Aux premières loges, contemplation du Creux Billard, où la mousse omniprésente rend tout appui aérien
Néanmoins, nous descendons…
Le creux Billard vu du sol, somnole dans son écrin de mousse et d’ail des ours
Derrière nous, un autre creux, marqué d’une croix, anonyme celui-là…
L’éventail dévale son escalier et nous hérisse le poil…
Un triangle amoureux, en pleine pêche à la mouche
Une cascade de plus de 350m de long, avec 13 sauts, mérite bien quelques redites
Les particules d’eau forment un anneau hypnotique
Au bout du tunnel, un espoir scabreux… me suis-je répété tout l’hiver.
Le Grand Saut de la Loue
Le travail de l’eau
Vasques de la Cuisance
Que de mousse et que d’eau…
qui, selon ses humeurs…
prend vie ou feint l’inertie
Au risque de paraître givrée
L’eau a métamorphosé la région depuis plusieurs millions d’années. Les pluies acides infiltrent le calcaire, en exportent la calcite, d’où résultent concrétions, vasques de tufs, marmites et stalactites. A la fin du printemps, on aurait presque l’illusion de pouvoir assister à cela en direct, de voir se répéter le cycle sous nos yeux, avec cet enthousiasme enfantin des « rêveurs » face aux phénomènes naturels. A la faveur d’une météo pluvieuse, nous nous sommes sentis royalement seuls sur ces sentiers boueux et glissant; décidément la période était bien choisie pour découvrir le coin.
Remerciements et salutations: A Jennifer pour son accueil chaleureux et loufoque (puis à sa maman pour ses précieux conseils), à Jean-François, chef aux yeux étoilés du restaurant « Le Bouchon des Radeliers » qui nous a inspiré, d’abord par sa cuisine, puis par sa verve, au Bistrot-Dortoir Le goût des Autres et à sa sympathique patronne (fan de Jean-Pierre Bacri), à notre toute jeune guide dans la grotte de Baume-Les-Messieurs, aux innombrables personnes que nous avons croisé sur notre route et enfin à la chienne Sunna avec qui nous avons partagé notre déjeuner et qui nous a gentiment dévoilé son royaume au milieu des prés, sous le mont Poupet. Ce fut une joie de vous rencontrer!