Que nous n’y fassions qu’une simple escale ou que nous lui accordions une visite de circonstance, la plus vaste des Canaries ne semble jamais nous avoir dit son dernier mot. En vérité, il n’y a pas une Tenerife, mais trois. Une île pionnière du tourisme de masse, très fortement urbanisée, dissimulant ses charmes naturels sous une épaisse couche de fond de teint, une seconde île plus calme, plus rurale, prodiguant au visiteur une impression de « bon vieux temps », et une troisième enfin, sauvage et montagneuse, s’adresse aux randonneurs n’ayant pas peur de s’aventurer un peu. Si ces trois îles se rejoignent souvent pour n’en faire qu’une, il existe clairement une barrière invisible entre celles-ci: Les plagistes ne rencontrent pas les randonneurs. Cet état de fait ne gêne personne. Quant à nous, connaissant nos loisirs de prédilection, nous parlerons peu des plages, des casinos ou des discothèques, mais mettrons l’accent sur ses beautés secrètes et inaltérées.
Tenerife se compose schématiquement d’un sud envahi de plagistes et d’un nord beaucoup plus intimiste, boudé par ces derniers. Terrain d’aventures plus nuancé qu’il n’y paraît, entre landes volcaniques, sentiers côtiers parfois aériens, Barancos étroits, sans oublier les forêts primitives de lauriers tortueux (la Laurisilva) propres à cet archipel, Tenerife déploie une multitude d’écosystèmes distincts, abritant des micro-climats au nombre de deux-cent! Déjà séduits par cette diversité lors d’un premier séjour en 2015, cette impression s’est depuis confirmée, surtout dans le nord de l’île où trônent les pics escarpés de l’Anaga. Ce dévoilement d’une part cachée a retourné nos préjugés, notre appréciation globale de l’archipel et son côté « attrape-touristes » à la réputation surfaite. Nous ne manquons plus une occasion de chanter les louanges de la pointe nord!
Pour être clair, beaucoup de choses nous plaisent bien dans l’air de Tenerife: Ses bananeraies tentaculaires, ses contrastes saisissants, cette polarité entre tourisme de consommation et simplicité de la nature. Il y a aussi bien-sûr la vérité du climat, un ensoleillement quasi permanent sur le littoral et dans le parc du Téide. En somme, c’est la destination parfaite pour ponctuer un hiver longuet d’une charitable éclaircie. Si les activités de plein air vous manquent cruellement à l’approche des fêtes, si les lumières blafardes vous mettent les nerfs en boule, lancez vous comme nous à la découverte des gorges de Masca, de l’Infierno, entreprenez l’ascension du Pico Viejo ou du Teide, point culminant de l’Espagne, ou accomplissez l’enthousiasmant tour du Faro. Vous nous en direz des nouvelles!
On est très vite dépaysé: La végétation ruisselle, avec quantité d’espèces endémiques, telles que le dragonnier, le pin des Canaries ou la Vipérine de Tenerife. Sans oublier le figuier de Barbarie, l’Aloe Vera, ainsi qu’une kyrielle de cactées exubérants. Pour ce qui est du mode de vie, il n’est pas difficile d’y trouver son bonheur. Manger à toute heure du jour ou de la nuit, jongler entre deux-cent micro-climats, alterner entre baignades, sites archéologiques, croisières, visites d’églises. En ce qui nous concerne, l’exploration de l’île par ses longs caminos nous a paru le moyen le plus simple et le plus direct pour faire connaissance.
Coucher de soleil sur l’épaule du Pico Del Inglès
Crêtes de la Montana Bianca
Le maître des lieux, témoin d’un incendie féroce ayant ravagé l’île il y a six mois…
L’un des plus beaux points de vue sur le nord: Belvédère d’El Draguilo
El Batan de Abajo, village perché
La crête du Monte Guajara s’étend sur 25km et son sommet fut le premier entrepris l’hiver 2015. A l’époque, nous ne prenions aucune photo, donc il faudra nous croire sur parole
Roque Bermejo, un hameau perdu au milieu de nulle part, à une heure de marche de la première route
Le débat de la poule et l’œuf a laissé quelques coquilles: Las canadas del capricho
Entre les Dragonniers de la côte nord, la pluviométrie se distingue du reste de l’île
Tellement Canarien, ce paysage nous offre une quintessence des tableaux de l’archipel
Figuiers de Barbarie d’envergure pachydermique
On y verra ce qu’on veut, j’appelle ça la Mecque des anamorphoses
A gauche, le Roque de Fuera, à droite, le plancher des chèvres
Playa del Roque de Las Bodegas, haut lieu du shadow-surfing
Le Patron de Tenerife et, accessoirement, le toit d’Espagne: El pico del Teide
Paysage Martien lors de l’ascension du Teide, hiver 2016
Hameau cramponné aux pentes d’Anaga
Strates of mind
Des jours qui s’étirent, tout est bien qui finit bien…
Dolmen du magma, stupa en pierre de lave
Ce canyon capricieux (je ne vous dirais pas où) abrite une faune très riche, les oiseaux y font leurs nids…
Encore une petite pour faire saliver les curieux… Dans un coin bien connu des grimpeurs
Mer de nuages vers Vilaflor
Portrait du maître sous son meilleur profil
La Gomera coiffée de stratus: Notre première vision de l’île magique
Tenter un bras de fer avec l’eucalyptus peut faire du dégât
Les lèvres pulpeuses du cratère
J’ai cru voir passer James Stewart à cheval…
Je me demande toujours si-il se réveillera un jour, ou plutôt quand
De ces pinacles volcaniques aux formes dentelées se détache un petit peuple de pierre, une galerie de personnages truculents et grotesques…
Les arêtes de Masca et ses routes spectaculaires, La Gomera au dernier plan
L’énigmatique Roque Cinchado (dit le « doigt de Dieu ») marcherait-il sur une jambe?
Et soudain on se croirait dans la Beauce…
Ceux là on les surnomme les roches-mandragores, gnomes de roche altérés par les vents cosmiques
Illumination sur le Teno (on va bien rêver cette nuit je pense)
Les entrelacs du laurier, entre nous, on ne s’en lasse pas…
Dôme crevassé à la Orotava (au loin, le petit nez du Teide pointe sa truffe)
L’oeil mystique des Guanches s’écarquille aux cieux
Décidément, cette couleur me stimule et m’apaise en même temps… Comme certains bleus Crétois, céruléens…
Les « rizières » de Chinamada (Thé, Luzerne…)
Vue sur les orgues à gauche, les Canadas Del Capricho au centre, surplombés par l’Alto de Guajara
Secteur du Pico Del Inglès lors d’une petite marche improvisée
Les jambes de la momie
Mais bon dieu que fait ce type?
Serions-nous Ana-Gaga?
Un pape mitré à San Cristobal de la Laguna
Architecture rurale
Ne pas réduire le parc national du Teide à son volcan, vous n’avez encore rien vu…
D’Afur à Taganana, en passant par la côte sauvage de Tamadite
Tour du Faro, à l’orée de Roque Bermejo, à fleur de rizières
L’art de la fugue
Retour du marché
Orgues désaccordées
Plantes succulentes
Incident nucléaire en cours
La Laurisilva et son ambiance mystique où toute rencontre semble possible
Vue aérienne de l’Alto de Guaraja
Randonnée côtière vers la playa del Roque
La roche percée agit comme une éponge: Elle absorbe nos excédents de gras et boit nos vanités
Nous avons eu le coup de foudre au hameau d’El Batan de Abajo: l’Anaga, nous l’avons su immédiatement, ne quitterait plus nos pensées, et serait le cœur de nos pérégrinations Canariennes. C’est le cas depuis sept ans.
El Roque de Fuera
Pic du Teide (3715m) sous son éternel ciel bleu
Vue sur Tamaimo la blanche
Ma belle-mer me dit toujours…
« Ses jolies côtes saillaient, mais j’avais toujours une petite dent contre elle… »
Encore et encore… Il faut un certain temps avant de regarder les choses, de les regarder vraiment. Il faut pour cela s’entraîner à voir la vie comme une suite de tableaux dont la fluidité dépend justement de votre regard, de votre degré d’attention. En rater un et c’est toute la chaîne du réel qui se brise. J’ai personnellement mis cinq ans avant d’apprendre à regarder ce mastodonte dans son ambiance austère, renfermant une partie de l’histoire du globe.
Le temps n’en finit plus de tourner, El Draguilo
Certains ont le pied marin, d’autres… Vulcanien
Végétation typique des « smokey montains »
Le village tranquille de Roque Bermejo (flanqué de sa plage solitaire)
Le voyageur et son ombre
Ni routes ni constructions ne viennent enlaidir le parc rural de l’Anaga, contrairement au Teno.
Certains jours, on se contente de peu…
Fin de journée sur Roque de las Bodegas
A comme Arachnéen, A comme Archaïque, A comme Anarchique, A comme Anaga
Créature marine ou animal ailé? Sphinx mythique ou juste un vieux tas de pierre qui traînaient par là…
Le très discret rocher du vent sur la crête du Pico Del Inglès (décidément, cet anglais…)
Sur la route de Cruz Del Carmen
To be continued…