La Canarie ultime?
Nous avons découvert tardivement la Palma. Le projet nous revenait en tête depuis quelques temps, mais les hésitations le disputaient aux atermoiements. L’année passée, nous étions enfin prêts, jusqu’à ce qu’une éruption aussi soudaine que brutale ravage la partie sud de l’île. Nous avons alors pris notre mal en patience, guettant une opportunité tout en suivant de près les conséquences du sinistre. Finalement, c’est une année entière qu’il a fallu attendre, le temps que la situation s’équilibre, avant de nous jeter à l’eau et d’embarquer pour la Isla Bonita. L’heure est enfin arrivée d’explorer San Miguel de la Palma de son vrai nom, notre quatrième bond sur l’archipel des Canaries.
Étonnement La Palma reste assez méconnue, peu vantée en dehors des Canariolâtres dont nous sommes, si ce n’est parmi une petite communauté de randonneurs passionnés. Dans l’ombre de Tenerife et de Gran Canaria, mieux desservies par avion, San Miguel de la Palma semble encore préservée du tourisme de masse et jouit d’un calme appréciable, y compris en haute saison. Une aubaine pour le voyageur à pied qui constatera très vite l’incroyable silence régnant sur l’île. « C’est dingue, on est complètement seuls », nous sommes-nous souvent répété. Tout est parfait, les routes, le balisage, les infrastructures, valant largement celles de Madrid, mais personne n’en profite… Au cours d’excursions certes sauvages mais relativement accessibles à tous, entre la Cumbrecita et la Zarza (Don Pedro), nous avons été stupéfaits de croiser si peu de monde sur les sentiers. Exception notable: Le roque de Los Muchachos, où se déversent les autocars de touristes et les astronomes amateurs; mais, pour le reste, la circulation reste insignifiante et les sentiers, dans l’ensemble si peu fréquentés que c’en est déroutant.
Toujours est-t-il qu’il règne aux quatre coins de l’île un calme et une sérénité devenues rares. Une incroyable bénédiction! Que l’homo festivus passe donc son chemin, nous avons trouvé notre thébaïde. Peut-être ferions-nous mieux de ne pas ébruiter le secret, jusqu’alors si bien gardé, d’une beauté si intacte et virginale? Peut-être, mais l’absence ou presque de plages sur l’île peut nous rendre optimistes: Les vacanciers ne feront pas le déplacement! A signaler que la fermeture temporaire de la caldeira de Taburiente s’est finalement prolongée pendant notre séjour (et au-delà), à notre grande déception. Nous nous sommes rabattus sur une pléiade de sentiers alentours, tous plus captivant les uns que les autres. L’île recèle une mosaïque de paysages caractérisée par l’alternance de ravins et de landes volcaniques.
Soyons clair, toute la gamme des tableaux Canariens est ici poussée à son paroxysme: Coulées de lave pétrifiées, forêts de pins et barrancos (canyons) entaillant les arêtes rocheuses du nord. On passe en un rien de temps, en quelques sauts de trotteuses, d’un environnement aride, intimidant et austère, à une jungle exubérante, constellée de fleurs et regorgeant d’essences subtropicales. Cette île est une merveilleuse expression de la nature; euphorbes et cactées, dragonniers et bananiers jaillissent de toute part, sur les hauts comme en bord de mer. Entre ses longues étendues de sables, ses déserts de pierres et ses cratères fumants, ses landes mangées par les sapins, ses forêts couronnées de brume, ses lauriers millésimés et ses palmeraies, sans parler de son littoral, niché de villages paisibles, on voit partout la même harmonie. La nature de l’île est globalement intacte, plus préservée qu’à Tenerife et Gran Canaria; les villes n’y sont pas laides et les promenades côtières s’y avèrent enchanteresses. C’est bel et bien pour nous la Canarie ultime!
Le pin quotidien
Ce vieux spécimen centenaire
A l’heure de l’inven-terre
D’un volcan l’autre, à peine quelques brassées: Tenerife et la Gomera se profilent au loin
Un bel endroit trouvé au hasard des pas
A travers les pinèdes de la Cumbrecita, prélude à une longue marche sur les nuages
Les silves retiennent les brumes, la tête dans les nuages, littéralement
Tropisme des arbres-phasmes
Rêve de singe
Persiennes
A cette hauteur, ni palmiers ni cactus
Tous les voyants se mettent au vert
Fluctuat nec mergitur
Arbre-Vaudou et Docteur Feuille
Vers la mer, à petits pas
Une maison qui sait se faire discrète
Deux pèlerins dans la lande
L’esprit furieux apaisé: Un nouveau soir peut tomber
Et tomber joliment
Combien de fois cet arbre a-t-il rêvé sa chute?
Aux derniers feux
Au faîte de la Caldeira de Taburiente
Saut à la perche
Maison-type des premiers habitants, les Guanches, dans la région de Los Tilos
Dans l’impossibilité d’y pénétrer, nous contemplons la Caldeira du haut d’un belvédère
Alpenglow insulaire
Les tunnels étroits de Marcos y Cordero
Promenade dans les avocatiers
La végétation dense d’un Baranco
Face au Roque de Los Muchachos
Cette souche nous a tué
La brume grignote du terrain
La voici qui grandit
Jusqu’à former une mer à nos pieds
Le progression sur éboulis: Spécialité montagnarde
Terrasse sur-fréquentée à l’heure de pointe
Le profil de l’accusé inquiète: Il semble littéralement prêt à exploser
La nuée mordille les lèvres du cratère
Quand, par hasard, l’île accouche d’une ville, elle doit être secrète. Et le rester.
Voici la route menant à cette ville.
Un autre jour s’achève: sur un chandelier à fleurs jaunes…
A fleur de pierre
Que fiche ce bateau en plein milieu de la route?
Coup d’œil à la fenêtre: Dans la tanière d’un Ptérodactyle
Les soucis d’orientation sont loin derrière nous: Nous avançons à vue
Orgues à la Zarza non loin des gravures rupestres (que la décence nous force à taire)
Les villages par ici ont toujours l’air de se cacher
Les chats aussi du reste…
La meilleure carte de l’île que nous ayons pu trouver
Si vous entendez gronder ce genre de trou, c’est probablement qu’il est déjà trop tard…
Un ciel du feu de Dieu
Le lendemain matin, la côte nous fait ses yeux de biche
Mais nous avons à faire là haut, le Pico Benejado, au départ d’El Paso
Ce ciel nacré sonne la fin de la récré
La bananeraie de Tazacorte
L’Avenue des Bosquets
Détente cervicale et fougères verticales
Je ne parlerai qu’en présence de mon avocatier
Sur les toiles filantes
Les rides du bois
De biens jolis vallons surplombent Taburiente
La rêverie du grimpeur
J’ai connu des réveils plus difficiles
Le chat qui boit l’eau des fleurs
L’art du cadre
La stratosphère
« Nous revenons de loin » Professeur Morbius dans la planète interdite
Ce ciel là ne tombera pas dans le panneau
Le Baranco de la Madeira
Un arbre qui paraît presque né pour une cabane
Spectres basaltiques
Réédition de la carte de l’île
Pampa pimpante
Les arbres livrent bataille
Les roches s’en mêlent
Muraille d’échine
Fleurs de pierre
Grandioses eucalyptus
L’arbre contorsionniste
Vertige passager
Pico de los Nieves (Pic des neiges)
Le moulin du moine errant
Un calme mystérieux règne au crépuscule: L’écorce terrestre semble se plisser.
El Passo, la zone urbaine
Flânerie dans les longs pins
Jour de Sabbat
ici, dans ces ravins profonds, les cactus font office de panneaux
Géométrie solaire
Crêtes, arêtes, silhouettes
Los Tilos semble surgir de nulle part
Comme ces nuages nés de rien
Les pentes douces du nord de l’île
Adossé au Cumbre Viejo
Plutôt bizarre la naissance d’une banane
Tenerife jamais loin, dès qu’on dit le mot banane
Presque l’unique cascade de l’île, si l’on excepte les pisse-en-l’air de Marcos y Cordero
Pays de gorges, pays moussu
L’Océanie des nuages
Cascade à sec de la Zarza
Revanche dès le lendemain
La chute de cet arbre provoquerait un tsunami tel qu’Hokusai dans n’a jamais rêvé
Mais jusqu’ici l’harmonie demeure
Les pentes du volcan repoussent vite
Sous la cataracte bruissante
Lumières diaphanes du soir
Boyau dormant et joyeux bordel
Les flancs arrondis du cratère
Beau point de vue sur Los Tilos
Art Palmien
N’être qu’une goutte d’eau dans l’océan des possibles
Le petit chaperon rouge
Végétation exubérante et autres extravagances botaniques
Un quartet à cordes
Chandelier à seize branches
Que de graines sporulent dans cette pépinière
Le pin quotidien, encore lui
Ruisseau de verdure; C’est jour de match: Aujourd’hui l’Argentine affronte la France en finale de la coupe du monde… Seulement, voilà, on gambade sur un autre type de pelouses
Cônes volcaniques actifs aux mamelons pourpres
Entortillements… Nuées…
La cheminée fume, le torchon brûle
Caldeira de Taburiente
Une bien jolie maison (qui, hélas, n’est pas à vendre)
Voici l’origine du nom de la rando: Baranco de la Madeira. Les levadas.
Couloir de l’amor
Foncer vers le soleil couchant
Fécondité en chambre magmatique
Sur l’île les nuages mordent affectueusement la terre
Nous sommes admiratifs jusqu’au dernier jour.
Fontaine de Tazacorte
Une carapace derrière laquelle monsieur abrite sa sensibilité
Contorsion presque musculaire: anthropomorphisme et facéties de la nature dans un foyer de peuplement Guanches
Le jour où Nelson Montfort s’est mis à croire aux Ovnis
Le jour où nous nous sommes mis à croire à La Palma
Ainsi qu’à cet étrange mage blanc dressé au fond d’une gorge, avec son immense bâton de pluie
Les Espagnols semblent méconnaître le potentiel de leurs îles
De leurs forêts chamaniques
Des ramures qui cherchent l’embrouille
Du coup de crayon de la nature
Ces sept jours passés là-bas sont passés comme un souffle. En toute honnêteté, nous avons apprécié chaque minute de nos escapades à travers l’île. Il est probable que nous reviendrons dans les années à venir, bien qu’il y ait tant à découvrir encore. (…) Nous avons eu l’impression d’avoir encore énormément à visiter sur l’île. Et pour cause nous avons du faire sans le Cumbre Vieja, entré en éruption l’an passé, et la non moins fameuse caldeira de Taburiente. Pour notre prochain séjour, nous serons peut-être un peu plus prévoyants, car la contrepartie majeure à cette absence manifeste de fréquentation réside dans l’opacité des offices touristiques. Ainsi, nous prendrons les renseignements à l’avance pour ce qui est de la caldeira, en espérant que l’économie de l’île se remette bien de la catastrophe de 2022.